Histoire de la Fondation Lionel-Groulx
Créée en 1956 en vue de pérenniser l’œuvre du chanoine, la Fondation Lionel-Groulx s’implique dans les sphères éducative, culturelle et politique afin d’assurer le rayonnement du Québec et du fait français en Amérique. Notre riche histoire témoigne de cet engagement.
Un texte de Stéphane Stapinsky, historien [*]
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Les débuts
Lionel Groulx fonde, respectivement en 1946 et 1947, « à l’âge où d’autres prennent leur retraite » [1], l’Institut d’histoire de l’Amérique française (IHAF) et la Revue du même nom. Dans ses mémoires, Groulx évoque la fragilité, dès les premières années, de ces deux œuvres qui s’appuyaient principalement sur le bénévolat : « Après seize ans, la Revue, pas plus qu’à son départ, ne prend rang parmi les publications cossues. Elle ne peut rétribuer ses collaborateurs, ni même son directeur qui lui aura donné les dernières années de sa vie. Chaque année, elle boucle tant bien que mal son budget [2]. »
Voulant donner des bases plus solides à l’IHAF, un groupe d’amis de l’historien, soit l’ancien député et avocat Maxime Raymond, l’avocat Joseph Blain, le docteur Jacques Genest et le notaire Charles-Auguste Émond (demi-frère de Groulx), propose de créer un organisme qui aurait la responsabilité de trouver les ressources financières pour perpétuer l’œuvre de Groulx après sa mort.
Le 13 avril 1956, en vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies du Québec, le nouvel organisme, qui prend officiellement le nom de « Fondation Lionel-Groulx », reçoit finalement ses lettres patentes [3]. La nouvelle fondation a comme mission générale de « favoriser l’étude de l’histoire du Canada français et de tout le fait français en Amérique » et de promouvoir « l’avancement et la diffusion de la science de l’histoire » en ce domaine. Elle est créée avec un capital de départ de 10 000 $, mais ses instigateurs ont comme objectif d’amasser au moins 100 000 $ à terme [4].
C’est lors du banquet de l’Institut d’histoire de l’Amérique française du 14 avril 1956 qu’est annoncée publiquement la création du nouvel organisme. Le président de celui-ci, Joseph Blain, prend la parole à cette occasion :
Quelques amis de l’œuvre ont cru qu’il conviendrait, à l’occasion de son dixième anniversaire, d’offrir à l’Institut ce gage de survie. Il s’agit tout simplement d’une fondation, sans aucun but lucratif et visant à recueillir par voie de souscriptions et à maintenir, grâce aux bons offices de fiduciaires, un avoir capable d’assurer la permanence de l’Institut et de la Revue, et cela, tout en sauvegardant l’autonomie financière et intellectuelle de son comité de direction [5].
Le premier conseil d’administration de la Fondation sera constitué des quatre personnes à l’origine de son existence, ainsi que de Groulx lui-même. Juliette Lalonde, nièce de ce dernier et son assistante depuis 1937, en sera la secrétaire [6].
Les premières années de la Fondation sont principalement consacrées à l’organisation d’activités sociales visant à recueillir des fonds lui permettant de réaliser ses objectifs. Elle privilégie alors les événements mondains, comme de grands dîners publics, auxquels est conviée l’élite financière, professionnelle et intellectuelle québécoise qui partage ses préoccupations.
En 1959 et 1960, deux manifestations permettent ainsi de récolter 6 000 $ [7].
Le 8 décembre 1959, un dîner est offert par le docteur Jacques Genest, au chalet Hélène de Champlain (île Sainte-Hélène, Montréal) à une cinquantaine d’hommes d’affaires et de professionnels. C’est l’occasion pour Joseph Blain et lui de les sensibiliser à l’action de la Fondation et de leur présenter les activités de l’IHAF et de sa Revue.
Le 3 février de l’année suivante, la Fondation organise un grand dîner à l’Hôtel Queen’s, à Montréal, sous la présidence du cardinal Paul-Émile Léger. Les 300 invités peuvent assister, en primeur, à la projection du film Le Chanoine Groulx, historien réalisé par Pierre Patry et produit par l’Office national du film (ONF) [8]. Le cardinal Paul-Émile Léger, Joseph Blain, Maxime Raymond et Groulx prononcent à cette occasion des allocutions, qui seront captées sur disque [9]. La Fondation espère en tirer des revenus supplémentaires [10].
Le 28 mai 1962, la Fondation prend prétexte du lancement de l’ouvrage Le Canada français missionnaire de Groulx pour organiser un « Hommage à nos missionnaires », qui prit la forme d’une rencontre publique et d’un dîner à l’hôtel Reine Elizabeth de Montréal, et auquel prirent part 600 convives. L’événement était à nouveau placé sous la présidence du cardinal Léger ; le gouvernement québécois était représenté par le ministre de la Jeunesse Paul Gérin-Lajoie, l’opposition officielle unioniste par Daniel Johnson [11].
Le souci de rejoindre les milieux scolaires est présent dès cette époque. En 1963, la Fondation organise, au sein des collèges classiques du Québec, un concours visant à décerner un Prix d’histoire du Canada [12].
Dès ses débuts, les administrateurs de la Fondation ont le souci d’acquérir des ressources documentaires et archivistiques sur l’histoire de l’Amérique française qui compléteront celles recueillies par Groulx durant sa carrière. Une chambre-forte sécuritaire sera d’ailleurs construite à cette fin au sous-sol de son siège social. En 1963, Juliette Lalonde-Rémillard peut annoncer fièrement :
[...] une bonne nouvelle à ceux de nos amis qui hésitent parfois à nous confier des papiers fort précieux. Ils n’auront plus à craindre les ravages du feu ou de l’eau. La “Fondation” fera construire d’ici peu une voûte où pourront trouver un abri de pleine sécurité tous les documents que nous avons déjà amassés et ceux-là dont l’on voudra bien nous faire don [13].
Après le décès de Lionel Groulx
Après la mort de Groulx, survenue le 23 mai 1967, la voie de l’avenir paraissait tracée pour la Fondation qui porte son nom. « Sans lui, que faire maintenant sinon continuer ce qu’il a si bien commencé avec l’aide de l’équipe de l’IHAF et celle de la Fondation Lionel-Groulx [14] ? »
L’historien Ronald Rudin, spécialiste de la professionnalisation de l’histoire au Québec, propose toutefois une version un peu moins convenue de l’histoire de la Fondation à cette époque, laquelle témoigne des rapports compliqués qu’entretenait Groulx avec la nouvelle génération d’historiens au sein de l’Institut d’histoire de l’Amérique française [15] [16].
Au cours des dernières années de sa vie, une des craintes de Groulx était que les donateurs, provenant de l’extérieur du milieu universitaire, cessent de soutenir financièrement l’Institut et la Revue après sa mort. « Groulx comptait sur l’appui financier de fidèles partisans associés à la Fondation et il craignait que la mainmise sur la Revue de personnes peu fiables comme [Michel] Brunet et [Guy] Frégault n’entraîne la désaffection des donateurs [17]. »
Selon Rudin, Groulx voyait la Fondation « comme un rempart contre une prise de contrôle de la Revue par ses ennemis » idéologiques [18]. Des propositions furent alors soumises, qui accordaient un rôle accru à la Fondation dans le processus décisionnel de l’Institut et dans la gestion de la Revue. L’une de ces propositions faisait en sorte que la Fondation ait « une voix égale à celle du Conseil d’administration de l’Institut » dans le choix d’un successeur à la direction de la Revue [19]. Une autre hypothèse, soumise en mars 1967, « proposait une fusion officielle de la Fondation et de l’IHAF afin que les membres de la Fondation, “qui ont jusqu’ici soutenu l’œuvre de l’Institut de leurs moyens et de leur influence, [… puissent] faire partie du conseil d’administration” d’un nouvel Institut Lionel-Groulx [20]. » Les historiens professionnels n’endossèrent ni l’une ni l’autre de ces propositions.
Jusqu’à sa mort, Groulx fut en proie à l’inquiétude et au doute quant à l’avenir des œuvres qu’il avait mises sur pied. Peu de temps avant son décès, « il écrivit une note […] dans laquelle il proposa que la Fondation ne soutienne l’Institut qu’à certaines conditions. Affirmant qu’il n’était pas intéressé à restreindre “la liberté de l’action” de l’IHAF, il insistait tout de même pour que celui-ci demeure indépendant de l’Université de Montréal où ses ennemis régnaient. Quant à la Revue, Groulx voulait qu’elle continue de fonctionner en grande partie de la même manière [21]. » Il se montra catégorique : « Si l’Institut n’acceptait pas ces conditions, il était prêt à ce que la Fondation transfère son actif pour soutenir “une œuvre de jeunesse et d’action nationale qui ferait du N° 261 Bloomfield, son siège social” [22]. »
La mort de Groulx dissipa ce brouillard institutionnel. La Fondation et l’Institut (et sa Revue) amorcèrent un parcours qui devait en faire, avec le temps, des entités nettement distinctes. Au cours de la décennie qui suivit le décès de Groulx, celle qui fut la fidèle secrétaire et collaboratrice de l’historien pendant les trente dernières années de sa vie, sa nièce Juliette Lalonde-Rémillard, servit en quelque sorte de pont entre les deux organismes. En effet, en même temps qu’elle fut relationniste de la Fondation et secrétaire de son conseil d’administration, elle continua d’œuvrer comme secrétaire de l’Institut et de la Revue d’histoire de l’Amérique française.
À la mort de Groulx, la Fondation hérite de sa maison de l’avenue Bloomfield – qui lui avait été donnée en 1939 –, de ses droits d’auteur, de ses archives personnelles, qui couvrent près de trois quarts de siècle d’histoire du Québec et de l’Amérique française (1894-1967), de plusieurs fonds et collections d’archives recueillis par Groulx lui-même, de même que de sa bibliothèque personnelle.
La Fondation assume la gestion de ce patrimoine immobilier et documentaire légué par Groulx. Elle continue à acquérir de nouveaux fonds d’archives (par exemple le fonds André-Laurendeau, après la mort du journaliste en 1968) et à enrichir sa bibliothèque d’ouvrages spécialisés sur l’histoire de l’Amérique française.
C’est à cette époque que Juliette Lalonde-Rémillard devient, sans en avoir le titre officiel, directrice générale de la Fondation. Une fonction qu’elle occupera jusqu’à sa retraite, en 1989.
Juliette Lalonde-Rémillard veille tout particulièrement à enrichir les ressources documentaires de la Fondation et à développer ses activités de recherche sur Groulx. Elle insiste pour rechercher – et acquérir si possible – tout document susceptible d’éclairer la vie et l’œuvre de Groulx et l’histoire du nationalisme canadien-français et québécois : fonds d’archives, publications, documents iconographiques et sonores. Elle amorce dès cette époque, en vue d’une éventuelle publication, la quête de la volumineuse correspondance de l’historien, dont les 4 000 correspondants sont dispersés aux quatre coins de l’Amérique du Nord et en Europe.
Le Centre de recherche Lionel-Groulx
Le Centre de recherche Lionel-Groulx (CRLG), entité juridique distincte, est créé en 1976 par la Fondation pour actualiser sa mission de recherche. Comme le précisent les textes fondateurs, il a pour objet de « promouvoir l’étude et la recherche sur l’histoire du Canada français, de l’Amérique française et du Québec en particulier ». Suivant son mandat, il assure « la préservation et la diffusion des fonds d’archives et des collections de la bibliothèque et voit à leur développement par de nouvelles acquisitions [23]. » C’est Juliette Lalonde-Rémillard qui sera la directrice du nouveau centre. Elle présidera aux destinées de celui-ci jusqu’à sa retraite en 1989. Au cours de la période de 1976 à 2009, la Fondation consacra la plus grande partie de ses ressources à soutenir le Centre de recherche.
L’édition critique des œuvres inédites de Lionel Groulx
Durant les 20 premières années de son existence, les efforts du Centre ont été pour l’essentiel tournés vers la publication d’éditions savantes de textes inédits de Groulx. La réalisation de ces projets n’aurait pas été possible sans la réussite de la campagne de financement de 1978.
Le vaste programme d’édition critique de l’ensemble de l’œuvre de Groulx conçu par le père Benoît Lacroix, o. p., professeur à l’Université de Montréal et médiéviste bien connu, auquel l’historien avait donné son accord quelques mois avant son décès, prend son envol en 1979 avec le soutien financier des organismes publics de recherche. Durant cette première phase, ses artisans privilégient l’édition des inédits de Groulx, ce qui conduit à la publication, en 1984, du journal intime de jeunesse de Groulx (Journal, 1895-1911, 2 tomes, 1122 p.). Le projet d’édition de sa correspondance (1894-1967) démarre quant à lui en 1987. Un premier tome, réalisé par une équipe constituée des historiens Pierre Trépanier et Giselle Huot, ainsi que de Juliette Lalonde-Rémillard, paraît en 1989. La première partie du Catalogue des manuscrits de Lionel Groulx (1892-1922), réalisée par l’archiviste Robert Desaulniers, sort pour sa part des presses en 1987.
Retraite de Juliette Lalonde-Rémillard
Dès 1977, Juliette Lalonde-Rémillard avait cédé à Lise McNicoll ses postes de secrétaire de l’Institut et de la Revue d’histoire de l’Amérique française.
En 1989, Mme Lalonde-Rémillard quitte ses fonctions de relationniste de la Fondation Lionel-Groulx et de directrice du Centre de recherche Lionel-Groulx, ainsi que celles de secrétaire de leurs conseils d’administration respectifs, après plus de 50 ans de service auprès de Lionel Groulx et des œuvres qu’il a fondées. Ce départ marque un tournant dans la gestion interne de l’organisme.
Centenaire de la naissance de Groulx
En 1977, la Fondation Lionel-Groulx et l’Institut d’histoire de l’Amérique française mettent sur pied un comité chargé de coordonner les fêtes du centenaire de la naissance de Groulx l’année suivante. C’est lors de cette année commémorative qu’est créé, sous les auspices de la Société des professeurs d’histoire du Québec (SPHQ), le concours Lionel-Groulx destiné aux étudiants des niveaux secondaire et collégial, concours qui existe toujours [24].
Au milieu des années 1970, la situation financière de la Fondation est particulièrement délicate, ainsi que le rappelle Juliette Lalonde-Rémillard : « Pendant plusieurs années, le capital de la Fondation était si minime que les revenus ne suffisaient pas pour l’entretien de la maison. En 1977, l’actif s’élevait à 104 498 $ ; […] Le déficit de l’exercice financier s’élevait à 2 139,85 $ [25]. »
Prenant prétexte du centenaire de la naissance de Groulx en 1978, une campagne de financement d’envergure est lancée à l’échelle nationale afin de consolider les assises financières de l’organisme. Elle s’avère un beau succès et fait entrer 500 000 $ dans les coffres de la Fondation. Conscient de l’importance de la mission de la Fondation, le gouvernement de René Lévesque consent à verser un montant égal à ce qui a été souscrit par le public. Un fait qui en surprendra certains : « la fondation Samuel et Saidye Bronfman avait versé 25 000 $ à la Fondation Lionel-Groulx pour l’achat de livres » lors de cette campagne [26].
Depuis son accession au pouvoir, Lévesque – ainsi que certains de ses ministres (Jacques-Yvan Morin, Denis Vaugeois) – avait multiplié les gestes de sympathie à l’égard de Groulx et de la Fondation. Le 24 juin 1977, il inaugurait ainsi une plaque commémorative devant la maison du 261, avenue Bloomfield. Le 17 avril de l’année suivante, il allait assister au déjeuner qui lançait la campagne de souscription de la Fondation et du Centre de recherche Lionel-Groulx. Ce concours exceptionnel du gouvernement québécois s’inscrit dans ce contexte.
Le succès de cette levée de fonds donne un nouvel élan à la Fondation. Celle-ci acquiert la maison adjacente (257, avenue Bloomfield), qui deviendra son siège social et abritera le nouveau Centre de recherche Lionel-Groulx, équipé d’installations modernes. La Fondation conserve la propriété de la maison historique du 261, avenue Bloomfield, dont le rez-de-chaussée est occupé par l’Institut d’histoire de l’Amérique française et la Revue d’histoire de l’Amérique française. La Fondation continue à héberger gratuitement ces deux organismes.
Le soutien à l’IHAF prend aussi la forme d’une aide financière aux étudiants universitaires participant chaque automne au congrès de l’organisme. La Fondation décerne annuellement, lors du congrès de l’Institut, le prix Lionel-Groulx qui récompense le meilleur ouvrage scientifique consacré à un aspect de l’histoire de l’Amérique française. Le prix Maxime-Raymond est attribué, pour sa part, tous les trois ans jusqu’en 2008, à la meilleure biographie canadienne.
Jean-Marc Léger devient directeur général
L’ex-journaliste du Devoir, haut fonctionnaire québécois et artisan de la Francophonie Jean-Marc Léger est choisi pour prendre les rênes de la Fondation et du Centre de recherche Lionel-Groulx. La fonction de directeur général est alors officiellement créée.
Dès sa prise de fonction, il établit certaines priorités : la consolidation financière de l’organisme, la rénovation des locaux ainsi que la conception de projets visant à commémorer le 350e anniversaire de Montréal en 1992.
Le Centre de recherche Lionel-Groulx obtient, du gouvernement du Québec, un statut officiel de Centre d’archives agréé. À ce titre, il reçoit une subvention annuelle de quelque 50 000 $.
Le Centre poursuivit, durant le mandat de Jean-Marc Léger, ses projets de diffusion de l’œuvre inédite de Groulx. En 1993 est publié le tome II (1906-1909) de l’édition critique de la correspondance de Groulx. La seconde et dernière partie réalisée du Catalogue des manuscrits de Groulx, couvrant les années 1923 à 1935, parut pour sa part en 1990, sous la direction de l’historien Stéphane Stapinsky. Le projet avait bénéficié d’une subvention spéciale de 35 000 $ de la Fondation du Prêt d’honneur (aujourd’hui la Fondation Maurice-Séguin).
Grâce à une contribution de 380 000 $ du ministère fédéral des Communications, la Fondation procède à une rénovation majeure des deux maisons qu’elle occupe. Après une relocalisation de quelques mois, le personnel peut enfin réintégrer, le 21 mai 1992, l’espace de travail réaménagé [27].
Une autre subvention fédérale de même importance permet, dans le cadre des fêtes du 350e anniversaire de Montréal, la publication, par la Fondation, de divers ouvrages historiques sur Montréal : un livre sur l’histoire des Montréalais (1642-1760) ; un atlas historique en collaboration avec l’UQÀM, une bibliographie historique de Montréal et des archives sonores sur cassettes [28] [29].
La Fondation organise, en partenariat avec l’Office franco-québécois pour la jeunesse et le ministère français de l’Éducation nationale, un concours franco-québécois sur le thème « 350 ans de vie française en Amérique ». « Il s’adresse aux élèves des collèges et lycées de France et des cégeps du Québec. Axé sur l’histoire de l’Amérique française, ce concours a suscité des actions éducatives variées qui ont permis, en faisant progresser la connaissance du Québec, une sensibilisation à la francophonie en Amérique du Nord. Des jeux, des expositions de gravures et un roman, ont été primés. Les lauréats québécois et français se sont vu offrir une expédition historique de deux semaines, en France pour les premiers, au Québec pour les seconds [30]. »
Des polémiques néfastes
En juin 1991, le magazine québécois L’Actualité fait état des grandes lignes d’une thèse de doctorat d’une politologue de l’Université Laval, Esther Delisle, qui entend mettre en évidence l’antisémitisme de Groulx et des nationalistes québécois des années 30. En septembre de la même année, l’écrivain Mordecai Richler publie, dans le magazine New Yorker, des extraits d’un livre à paraître où il dit s’inspirer des travaux de Delisle.
La Fondation Lionel-Groulx tente de contrer ces attaques contre son « père fondateur » en organisant, le 9 décembre 1991, à la Bibliothèque nationale, un débat public au cours duquel prirent la parole Jean Éthier-Blais, Fernand Dumont, Jack Jedwab, Benoît Lacroix, Pierre Trépanier et Denis Vaugeois [31]. Mais le mal est fait.
Et la publication, fin 1992, de Le Traître et le Juif : Lionel Groulx, Le Devoir et le délire du nationalisme d’extrême droite dans la province de Québec 1929-1939, version remaniée de la thèse de Delisle, puis de Oh Canada ! Oh Québec !, de Mordechai Richler, ne fait que relancer de plus belle la polémique. Cette mauvaise publicité autour du nom de Groulx aura des conséquences négatives sur la situation financière de la Fondation et du Centre durant toute la décennie 1990. Elle explique pour une large part la réorganisation majeure qui eut lieu en 1999.
Un effet collatéral de ces polémiques fut la création, début 1994, des Cahiers d’histoire du Québec au XXe siècle, publication semestrielle dirigée par l’historien Benoît Lacroix et dont le rédacteur en chef fut Stéphane Stapinsky. L’affaire Delisle-Richler avait diffusé dans les médias et l’opinion publique une vision réductrice, voire erronée, de l’histoire québécoise du XXe siècle (au temps de Groulx notamment). La nouvelle revue avait l’ambition de rectifier les choses, en proposant une lecture plus nuancée et plus équilibrée des enjeux intellectuels et culturels de l’époque.
Dix numéros parurent, le dernier étant sorti des presses en 1999 [32].
Collaborations internationales
L’ancien secrétaire général de l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) qu’était Jean-Marc Léger devait tout naturellement s’efforcer de donner un lustre international à la Fondation durant la décennie 1990. Un grand projet franco-québécois portant sur les relations France-Québec depuis 1760 fut ainsi élaboré et mené à son terme avec succès. Lancé en 1993 par les centres de recherche Lionel-Groulx au Québec et Roland-Mousnier (Paris / Sorbonne), avec le soutien de la Commission mixte franco-québécoise et le ministère des Relations internationales du Québec, il reçut en 1995 l’appui prestigieux des bibliothèques nationales du Québec et de France. Un colloque, diverses publications et un inventaire bibliographique en furent les principales retombées [33].
Sensible dès cette époque au développement des technologies numériques, le Centre réalise, avec la firme SDM, en collaboration avec l’AUPELF, un CD-ROM intitulé Amérique française : histoire et civilisation, qui compile un grand nombre de ressources touchant à l’histoire de l’Amérique française, principalement du Québec et du Canada français [34].
Soutien à la critique littéraire
En 1997, deux ans après le décès de l’écrivain Jean Éthier-Blais, qui était alors président de la Fondation, un prix est créé grâce à un legs de sa succession, qui est remis à l’auteur du meilleur livre de critique littéraire paru au Québec.
Ce prix, devenu le prix Jean-Éthier-Blais, est accompagné d’une bourse de 3 000 $ [35].
En 2019, le prix Jean-Éthier-Blais est toujours le seul à récompenser les auteurs d’œuvres de critique littéraire portant spécifiquement sur la littérature québécoise.
Une crise financière majeure et une première réorganisation
À la suite du départ de Jean-Marc Léger, c’est l’historien René Durocher qui devient directeur général de la Fondation et du Centre de recherche Lionel-Groulx. Il prend ses fonctions dans une conjoncture difficile. En 1999, la Fondation et le Centre accusent un déficit de 70 000 $. « Il manque de fonds au principal centre de recherche en histoire à Montréal et les contributions traînent la patte depuis la mauvaise publicité qui colle à la peau du grand historien de la première moitié du XXe siècle [36]. » Le passage de Durocher à la tête de la Fondation et du Centre fut bref. Il annonce son départ pour la fin de 1999, mais « il tient à faire le ménage dans les comptes, avant de laisser la tâche de la relance à son successeur [37]. »
Le conseil d’administration de la Fondation adopte alors un plan d’orientation qui précise les mandats de la Fondation et du Centre et leurs responsabilités respectives. Une des conséquences de ce plan sera la mise à pied du bibliothécaire et du chargé de recherche du Centre, et l’arrêt de la publication des Cahiers d’histoire du Québec au XXe siècle.
Pour Durocher, l’existence du Centre de recherche Lionel-Groulx est primordiale. Il « est au premier rang des meilleurs centres d’archives où les chercheurs peuvent consulter les documents historiques [38]. » Et, pour lui, « Un centre d’archives privé inculque un dynamisme bien diffèrent de la Bibliothèque nationale [39]. »
La relance de 2000
C’est le politologue Robert Boily qui lui succède au début de l’année 2000. Il veillera à mettre en place les nouvelles orientations et la réorganisation décidées par le conseil d’administration l’année précédente. Le gouvernement du Québec fait cette année-là une donation extraordinaire (de plus de 900 000 $) à la Fondation, qui permet de doubler le capital financier de celle-ci. Sa situation financière stabilisée, il est possible d’envisager un nouvel essor. Dans son ultime rapport annuel, en 2003, Boily dresse un court bilan de son mandat : « L’équilibre financier et l’augmentation du capital ont permis de revitaliser les services des archives par la constitution d’équipes de professionnels stables et une meilleure planification des priorités [40]. »
La Fondation organise, en 2003, un grand colloque, fort remarqué, sur Les nouvelles lectures de Lionel Groulx depuis l’an 2000, dont les actes ont été publiés chez VLB Éditeur en 2005, sous la direction de Boily.
En 2003 est également publié le tome III (1909-1915) de l’édition critique de la correspondance de Groulx, qui sera couronné par le prix Gabrielle Roy 2003 décerné par l’Association des littératures canadiennes et québécoises.
À la suite du départ de Robert Boily, en 2004, c’est Manon Bourgeois, sociologue de formation et gestionnaire de carrière, qui lui succède. Celle-ci quittera cependant son poste après seulement six mois pour des motifs personnels. Philippe Bernard, gestionnaire et planificateur dans l’enseignement supérieur, occupe ensuite la fonction de directeur général de la Fondation et du Centre.
Une des constantes de ces années 2000 : la fragilité de la situation financière des deux organismes. En 2005 est adopté un grand plan de développement du Centre pour 2006-2010.
Une crise majeure et un tournant décisif
En 2008, la Fondation est secouée par la crise financière mondiale et voit ses revenus de placement fondre rapidement. L’année se termine avec un déficit important. Dans ce contexte difficile, le nouveau président du conseil d’administration, Claude Béland, ex-président du Mouvement Desjardins, crée un comité de planification placé sous sa direction, afin de réfléchir aux missions de la Fondation et du Centre et aux objectifs à mettre en œuvre pour les atteindre.
« Lors de la création en 1956 de la Fondation, par le chanoine Groulx », écrit Claude Béland, « sa mission première était la promotion de notre histoire nationale, de son enseignement et de son développement par la recherche. Le conseil a décidé de recentrer nos énergies sur cette mission, en y consacrant l’essentiel de nos ressources dont la décroissance année après année menacerait autrement de conduire à moyen terme à la cessation de nos activités [41]. »
En conséquence, en 2009, la Fondation décide de fermer son centre de recherche et de céder ses fonds d’archives (évalués à plus de 2 200 000 $) à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Le déménagement des archives au Centre d’archives de Montréal de BAnQ (aujourd’hui BAnQ Vieux Montréal) a lieu le 26 octobre 2009.
Le grand bond en avant
En mars 2010, l’auteur et éditeur Pierre Graveline succède à Philippe Bernard et devient jusqu’en mars 2020 le directeur général de la Fondation Lionel-Groulx dans sa nouvelle incarnation. C’est lui qui est chargé de procéder à la mise en œuvre concrète du plan de restructuration et de renouvellement de la Fondation.
Il s’agit d’une réorientation fondamentale, ainsi qu’il le rappelait dans le rapport annuel de 2017 : « … le conseil d’administration de la Fondation Lionel-Groulx décidait la cessation des activités d’archivage et de recherche qui caractérisaient la Fondation depuis sa création en 1956 et sa transformation en organisme de promotion de l’histoire, de la langue et de la culture de la nation québécoise [42]. » Alors que l’édifice de la rue Bloomfield, abritait jusque-là un dépôt d’archives, c’est maintenant un organisme ayant comme mission principale la promotion de l’histoire nationale québécoise qui y a dorénavant son siège social.
En 2011, la Fondation se départit du 257, avenue Bloomfield, ce qui lui permet à la fois de compenser la perte de capital subie depuis la crise de 2008, de restaurer l’immeuble du 261 avenue Bloomfield, et de disposer de nouveaux fonds pour procéder à la relance. La Fondation établit son siège social dans l’immeuble restant. L’Institut d’histoire de l’Amérique française et sa Revue, qui y étaient hébergés depuis l’époque de Groulx, déménagent à l’Université de Montréal.
Une gouvernance plus rigoureuse et la recherche de partenariats
Sous l’administration de Graveline, la gouvernance de la Fondation devient plus rigoureuse. Des plans d’action de quelques années sont définis et adoptés par le conseil, puis mis en œuvre avec précision par le directeur général et son équipe. La conclusion de partenariats avec des institutions, des organismes et des sociétés (tels Québecor et le Mouvement Desjardins) partageant le souci de la Fondation pour l’histoire et la culture québécoises passe au premier plan.
Graveline décrit le dynamisme suscité par la nouvelle administration :
À ma connaissance, jamais de toute son histoire la Fondation Lionel-Groulx n’a-t-elle été aussi présente sur la place publique qu’en cette année 2011 que nous venons de vivre : présente dans les médias, à l’Assemblée nationale et dans les universités suite à la parution de notre recherche sur la place de l’histoire du Québec dans l’enseignement et la recherche universitaires, présente à la Grande Bibliothèque et à la télévision grâce à notre série de conférences Dix journées qui ont fait le Québec, présente sur Internet et dans les réseaux sociaux grâce à notre portail et à nos diverses activités et publications [43].
L’examen des réalisations de la Fondation Lionel-Groulx durant les années qui suivirent ne fait que confirmer le caractère durable de cet élan insufflé par le nouveau directeur général.
En 2015, Claude Béland quitte la présidence de la Fondation Lionel-Groulx tout en demeurant administrateur. C’est Jacques Girard, déjà membre du conseil de la Fondation depuis 2013, qui le remplace.
Doté d’une grande expérience dans la direction et l’administration d’organismes des secteurs public et privé, Jacques Girard poursuit avec compétence et détermination le changement entrepris par son prédécesseur : promouvoir l’histoire, la langue et la culture de la nation québécoise.
La promotion de l’histoire
La mission primordiale de la Fondation, celle qui engage l’essentiel de ses ressources, est la promotion de l’histoire nationale québécoise.
Dans le milieu de l’enseignement et auprès des pouvoirs publics, elle joue le rôle de groupe de pression visant à assurer la qualité de l’enseignement de l’histoire nationale. Pour jouer ce rôle, la Fondation coordonne, héberge et soutient financièrement depuis 2011 la Coalition pour l’histoire, qui regroupe, outre la Fondation, la Société des professeurs d’histoire du Québec (SPHQ), l’Association des professeures et des professeurs d’histoire des collèges du Québec (APHCQ), la Fondation Maurice-Séguin, la Société du patrimoine politique du Québec (SOPPOQ), le Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ), la Société historique de Montréal (SHM), la Société historique de Québec (SHQ), la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM) et la Fédération Histoire Québec. Pour Graveline, le plus beau fruit des efforts de la Fondation et de la Coalition en cette matière est la réforme des programmes d’enseignement de l’histoire du Québec et du Canada en 3e et 4e secondaire, qui a été implantée dans toutes les écoles à l’automne 2017 [44].
La Fondation s’est aussi associée au MNQ et remet chaque année des Prix du Mérite en histoire dans toutes les régions du Québec [45].
La promotion de l’histoire se traduit aussi par la production de contenus originaux et par la diffusion sur Internet de contenus existants. Celle-ci est grandement facilitée par la création, en mars 2011, d’un portail Internet recevant 6000 visites uniques chaque mois, qui est constamment mis à jour. Le portail est devenu un site de référence sur l’histoire du Québec. On y trouve en particulier « une section très développée sur l’histoire du Québec qui permet d’accéder aux contenus (textes, émissions télé et radio, etc.) de tous les projets réalisés par la Fondation au fil des ans et à un ensemble d’informations qu’on ne trouve nulle part ailleurs : émissions Nouveaux regards sur notre histoire, Atlas des élections au Québec, répertoire des mémoires et thèses en histoire du Québec, bibliothèque de l’histoire du Québec, répertoire des films sur l’histoire du Québec, répertoire des sites d’intérêt sur l’histoire [46]. »
La Fondation Lionel-Groulx rend disponibles gratuitement sur Internet les contenus réalisés dans le cadre de ses divers projets. La plupart de ces contenus numériques sont des ressources éducatives libres (REL) au sens de l’UNESCO, soit des « matériaux d’enseignement, d’apprentissage ou de recherche » appartenant au domaine public ou publiés aux conditions de licences de droit d’auteur autorisant la libre utilisation et réutilisation des œuvres par le public. En ayant fait ce choix, la Fondation « s’inscrit à l’avant-garde des meilleures pratiques quant au partage des savoirs sur Internet. » [47].
Un devoir de mémoire envers Lionel Groulx
Durant les premières années du mandat de Graveline, la Fondation a eu comme préoccupation importante d’assumer son « devoir de mémoire envers Lionel Groulx ». Au cours des dernières décennies, un travail significatif de recherche et de diffusion de l’œuvre de Groulx avait déjà été fait. Il s’agissait dès lors de le prolonger tout en le faisant entrer dans l’ère numérique.
Parmi les nombreuses actions menées à bien au cours de la période, mentionnons en premier lieu la parution du quatrième tome de la correspondance de Groulx, par la même équipe qui avait assuré la publication des tomes précédents. Le projet, faute de financement, est depuis mis sur la glace.
Une autre réalisation majeure est la numérisation et la diffusion en ligne gratuitement, sur le portail de la Fondation et sur celui de BAnQ, de l’ensemble de l’œuvre écrite de Groulx, qui comprend quelque 90 livres et brochures [48].
Une section importante consacrée à Groulx et à son œuvre a été développée sur le portail Internet de la Fondation. On y trouve, entre autre, une notice biographique détaillée, une bibliographie complète, les catalogues d’archives photographiques, audiovisuelles et de sa bibliothèque privée, des répertoires des études et des lieux de mémoire qui lui sont consacrés. C’est l’une des meilleures portes d’entrée disponibles sur l’œuvre de Groulx.
En 2017, la Fondation a parrainé la publication de la première grande biographie de Groulx rédigée par l’historien Charles-Philippe Courtois, qui fut accueillie avec éloge par la critique.
La Fondation a aussi assuré la numérisation et la diffusion en ligne sur son portail, sur celui de BAnQ et dans Wikimédia Commons du cours d’histoire donné par Lionel Groulx sur les ondes de CKAC de 1949 à 1952, qui était pour ainsi dire jusque-là inaccessible [49].
Une participation active à la communauté wikimédienne francophone
La diffusion de contenus en ligne ne concerne pas que l’œuvre de Groulx ni le portail institutionnel de la Fondation.
Depuis 2014, la Fondation Lionel-Groulx participe activement à la communauté wikimédienne francophone.
La Fondation s’est associée à plusieurs partenaires (BAnQ, Acfas, Wikimédia Canada, Société du patrimoine politique du Québec, Société des professeurs d’histoire du Québec) pour former des contributeurs à Wikipédia, notamment dans le domaine de l’histoire du Québec, et pour téléverser dans la bibliothèque en ligne Wikisource des documents importants sur l’histoire québécoise. En outre, la Fondation a contribué à l’amélioration des articles de Wikipédia qui traitent des 28 personnages historiques dont on a donné le nom à une station de métro de Montréal.
Cette participation dans la communauté wikimédienne s’est approfondie en 2019, alors que la Fondation Lionel-Groulx bénéficie d’une importante subvention de 65 000 $ de la Fondation Wikimédia, qui lui permet de recruter un « wikimédien en résidence » dont le mandat est « d’organiser des événements importants de formation et de soutien visant la contribution d’individus et d’organisations afin d’améliorer et d’enrichir les contenus sur le Québec et son histoire ». Le but recherché est de « construire et [de] soutenir une communauté d’individus et d’organismes intéressés par le développement et l’amélioration de contenus sur l’histoire du Québec et de l’Amérique du Nord francophone dans les wikimédias, en particulier dans l’encyclopédie en ligne Wikipédia [50]. »
Des activités visant un large public
Depuis 2011, la Fondation a réalisé un nombre impressionnant d’activités pour faire connaître l’histoire du Québec et du fait français en Amérique à un large public. Un partenariat privilégié avec BAnQ a permis d’organiser une cinquantaine de conférences ou de rencontres à la Grande Bibliothèque. Particulièrement dignes de mention sont la série de quatre ciné-conférences d’André Gladu intitulée La piste Amérique : un continent marqué par les francophones, celle de 10 conférences sur Dix journées qui ont fait le Québec et quatre séries totalisant 35 grandes rencontres sur les Figures marquantes de notre histoire.
Dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal, la Fondation a mené à bien un projet intitulé Le métro, véhicule de notre histoire qui comprenait une grande exposition à la station de métro Place des Arts sur les 28 personnages historiques dont on a donné le nom à une station de métro, et l’installation, sur les quais des stations concernées, de plaques commémoratives.
Ces activités ont été largement diffusées à la télévision (MAtv) et dans les journaux (Journal de Montréal et Journal de Québec). On retrouve sur le portail Internet de la Fondation l’essentiel de ces interventions et manifestations, sous forme de documents vidéo, textuels ou sonores.
La langue française plus que jamais au cœur du travail de la Fondation
Si l’essentiel de l’action de la Fondation concerne l’histoire du Québec, un infléchissement de sa mission est toutefois perceptible en cette fin de décennie. La promotion de la langue française sera en effet plus que jamais au cœur du travail de la Fondation dans les années à venir.
Rappelons que, depuis 2012, la Fondation soutient financièrement les activités, notamment les activités de formation, du Mouvement Québec français (MQF) et de l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française (ASULF).
Et, depuis 2016, elle est un membre actif de la coalition Partenaires pour un Québec français (PQF) qui regroupe la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), le Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ), le Mouvement Québec français (MQF), la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et l’Union des artistes (UDA). La Fondation participe aux activités de cette coalition et finance ses activités.
En 2018, la Fondation a commandé avec le MNQ un sondage conjoint sur la francisation des nouveaux arrivants, dont les résultats ont été largement repris et commentés par les médias [51].
Du contenu original et de qualité sur notre histoire nationale
La Fondation a développé un nouveau créneau avec la production de contenus originaux et de qualité sur l’histoire du Québec. Depuis 2022, elle produit Nos géants, une série de capsules pédagogiques mettant en vedette des figures incontournables de notre histoire qui ont contribué à la défense et à la vitalité de la langue française, de la Nouvelle-France à aujourd’hui. Ces capsules sont animées par des personnalités connues du public québécois, présentant la vie, les œuvres et les réalisations de ces géants. Les capsules sont diffusées à la télévision (TVA et MAtv), sur le Web et sur des plateformes pédagogiques.
La Fondation est également active dans le domaine de l’édition. Elle produit des articles pour des revues, ainsi que des ouvrages savants et de vulgarisation sur des sujets qui permettent d’élucider notre histoire nationale. Sur le Web, elle mène de front un chantier Wikipédia visant à créer des articles et à bonifier des articles existants sur des sujets liés à l’histoire, à la langue et à la culture québécoise.
De 2015 à 2023, la Fondation a produit une série d’entretiens intitulée Figures marquantes de notre histoire. Ces rencontres d’une heure animées par l’historien Éric Bédard ont permis à près d’une soixantaine d’invités de présenter un homme ou une femme ayant apporté des contributions majeures à la société québécoise. Ces entretiens ont été diffusés à la télévision (MAtv) et sur le Web. Ils ont également été rassemblés puis publiés en série de livres. Le premier tome de la série est paru chez VLB Éditeur en novembre 2023. Les deuxième et troisième tomes sont à venir en 2024 et 2025.
Depuis 2024, la Fondation produit la série d’entretiens 12 lois qui ont marqué le Québec. Ces lois du droit civil ont façonné la société québécoise de façon unique, de 1867 à aujourd’hui. Animés par la journaliste Myriam Wojcik, ces entretiens sont organisés en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) et seront diffusés sur QUB.
Tous ces projets s’inscrivent dans la mission de la Fondation : œuvrer au développement et au rayonnement de la nation québécoise par la promotion de son histoire, de sa langue et de sa culture.