Permanence et renouvellement des familles ouvrières : le cas du Village-aux-Oies et de la rue Forfar, 1901-1921

Résumé

Ce mémoire s’intéresse aux familles ouvrières de la rue Forfar dans les premières décennies du XXe siècle. Il s’articule autour des enjeux de renouvellement des populations et de l’occupation de l’espace urbain. À l’aide des fiches nominatives des recensements de 1901, 1911 et 1921, notre étude de cas propose de dresser un portrait différencié des locataires et des propriétaires de la rue Forfar et d’en saisir l’évolution sur 20 ans.

Nous avons pu constater qu’à partir de 1911, la rue Forfar était le théâtre d’un remplacement des familles britanniques et françaises par d’autres en provenance d’Europe de l’Est et du Nord. Ces dernières ont un impact direct sur le rajeunissement de la population et l’évolution de leurs profils montre un clivage de plus en plus important avec les familles dont l’établissement est plus ancien. À cet égard, le groupe des propriétaires est celui dont les membres sont établis depuis le plus longtemps et leurs profils se distinguent nettement de ceux des autres résidents.

Le lien entre la main-d’œuvre et le milieu environnant a aussi été mis en évidence dans cette recherche. La majorité des travailleurs sont des employés qualifiés ou des journaliers qui œuvrent principalement dans les industries du transport et du secteur manufacturier situées à proximité du Village-aux-oies. Les nouvelles entreprises qui s’installent dans le quartier immédiat au cours de période ont une influence sur les métiers pratiqués par les résidents. En termes de revenu, nous avons noté une amélioration de la marge de manœuvre économique des résidents entre 1901 et 1921. Bien que nous ayons pu établir un lien direct entre la catégorie de l’emploi et le niveau de revenu des chefs de famille, notre étude a su mettre en lumière la grande hétérogénéité des situations qui prévaut sur la rue Forfar. Les différences entre les propriétaires occupants et les familles migrantes restent néanmoins manifestes. Les premiers occupent le haut du pavé pour l’ensemble des caractéristiques économiques, les seconds ont davantage recours à des stratégies comme le partage de logement ou le travail des enfants.

Finalement, notre étude montre que la rue Forfar affiche une stabilité remarquable sur l’ensemble de la période. Tous types de séjours confondus, le nombre de familles qui résident sur la rue 10 ans, 15 ans ou 20 ans est impressionnant. À l’échelle de la rue, nous avons constaté certains regroupements qui sont influencés principalement par la durée d’établissement et, à partir de 1921, par l’origine ethnique. Quant aux propriétaires, ils sont de moins en moins nombreux à habiter la rue entre 1901 et 1921. Leurs déplacements s’effectuent vers l’extérieur du Village-aux-oies, particulièrement dans des quartiers plus riches comme Outremont et Westmount.

Année de publication
2018
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Montréal
Nombre de pages
141
Ville
Montréal
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