100 ans de production et de diffusion de notre histoire
En 2015, la Fondation Lionel-Groulx et l’Institut d’histoire de l’Amérique française ont organisé un colloque à l’occasion du centenaire de la première Chaire d’histoire du Canada français, attribuée en 1915 à Lionel Groulx par l’Université de Montréal. L’événement s'est déroulé les vendredi 17 et samedi 18 avril à l’Auditorium de BAnQ Vieux-Montréal, situé au 535, avenue Viger Est, à Montréal.
Allocution de Claude Béland, président du conseil de la Fondation Lionel-Groulx
Mesdames et messieurs, au nom du conseil d’administration de la Fondation Lionel-Groulx, je vous souhaite la plus cordiale des bienvenues à ce colloque que nous tenons aujourd’hui et demain pour souligner le centenaire de la première chaire d’histoire du Canada attribuée en 1915 à Lionel Groulx par l’Université de Montréal.
Intitulé 100 ans de production et de diffusion de notre histoire, ce colloque est une réalisation conjointe de la Fondation et de l’Institut d’histoire de l’Amérique française. Vous me permettrez de saluer ici le conseil d’administration et le président de l’Institut, monsieur Martin Pâquet, et de les remercier d’avoir accepté notre proposition d’organiser ensemble ce colloque.
Après tout, nous sommes deux créations du chanoine Groulx et il serait sans doute très heureux de constater que, tout près de 50 ans après son décès, nos deux institutions sont non seulement toujours bien vivantes et bien actives mais s’associent toutes deux dans un événement consacré en partie à commémorer et à revisiter son œuvre d’historien.
Créée en 1956 par Lionel Groulx et ses amis, la Fondation Lionel-Groulx est devenue, après le décès du chanoine en 1967, l’héritière de sa maison, de sa bibliothèque, de ses archives et de son œuvre intellectuelle et littéraire.
Pendant plusieurs décennies, son action a consisté pour l’essentiel à soutenir un centre d’archives et de recherche. Puis, en 2009-2010, la Fondation a décidé de se départir de ses archives au profit de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, mieux à même d’en assurer la conservation, la pérennité et la disponibilité pour les chercheurs. Il s’est agi, je me permets de le souligner, d’un don majeur à la collectivité québécoise dont BAnQ a estimé la valeur à plus de deux millions de dollars.
Ce faisant et dans la foulée, notre fondation a décidé de revoir en profondeur ses objectifs en reprenant à son compte, en l’actualisant, la mission que poursuivait Lionel Groulx, en son époque et avec les convictions qui étaient les siennes, à savoir œuvrer à la promotion de l’histoire, de la langue et de la culture de la nation québécoise.
À nos yeux, la connaissance de l’histoire en général, de l’histoire culturelle, économique et sociale bien sûr, mais aussi et tout autant de l’histoire politique, est une condition incontournable de la vitalité démocratique d’une nation.
Sans connaissance adéquate de notre histoire, des événements majeurs et des figures marquantes de cette histoire, comment les jeunes générations de Québécoises et de Québécois peuvent-elles exercer, en toute connaissance de cause, leurs droits et devoirs de citoyens ?
Comment les enfants des nouveaux arrivants peuvent-ils s’intégrer, pleinement, à leur société d’accueil ?
Comment pourrions-nous tous échapper à « la dictature du présent » et projeter le Québec dans l’avenir en s’inspirant des leçons de son passé ?
L’histoire du Québec, c’est l’histoire d’une nation d’origine française, enracinée depuis quatre siècles en Amérique du Nord. C’est l’histoire de femmes et d’hommes courageux qui, en particulier depuis la Conquête, n’ont jamais cessé de lutter pour leur langue, leur culture, leur liberté. Certains voudraient effacer cette histoire de notre mémoire. Nous croyons au contraire qu’il est essentiel de la transmettre. Bien sûr de façon non partisane. Bien entendu en exposant les diverses interprétations. Évidemment en développant la pensée critique chez les jeunes.
Voilà pourquoi nous avons décidé de développer des partenariats avec diverses associations, institutions et sociétés, pour être beaucoup plus proactifs dans la promotion de l’histoire du Québec et du fait français en Amérique.
Pour ce faire, à titre d’exemples, au cours des cinq dernières années …
… nous avons hébergé, coordonné et financé la Coalition pour l’histoire, appuyé son action visant l’amélioration de la qualité de l’enseignement de l’histoire dans notre réseau scolaire ;
… nous avons soutenu la tenue de colloques, la publication de livres et de revues, la remise de prix tels les prix du Mérite en histoire, l’organisation d’événements, comme la Journée nationale des patriotes, qui font avancé la connaissance de l’histoire du Québec ;
… nous avons organisé trois grandes séries de conférences : Dix journées qui ont fait le Québec, La piste Amérique : un continent marqué par les francophones et Figures marquantes de notre histoire ;
… nous avons préparé pour le 375e anniversaire de Montréal un grand projet de commémoration intitulé Le métro, véhicule de notre histoire.
Mais nous n’avons pas oublié pour autant notre devoir de mémoire envers notre fondateur. Et au cours des dernières années, nous avons posé des gestes majeurs afin de mieux assumer ce devoir, notamment en rééditant en ligne, en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec, son œuvre littéraire constitué de quelque 90 livres et brochures, en éditant le 4e tome de sa correspondance, en développant une importante section de notre portail Internet consacré à l’historien et à ses successeurs, en soutenant l’historien Charles-Philippe Courtois dans la rédaction d’une biographie de Lionel Groulx, sans oublier, bien sûr, ce colloque scientifique qui, pour nous, relève aussi de ce devoir de mémoire.
Ce colloque abordera la sensibilité historienne de Groulx, son engagement dans la cité, le rapport à l’histoire depuis Groulx, de même que la vulgarisation et la diffusion de l’histoire aujourd’hui au Québec.
Je ne doute pas qu’il sera l’occasion de jeter un regard critique, voire même très critique, sur le chanoine et son œuvre. N’hésitons pas à le faire, en nous rappelant toutefois que, quel que soit le jugement que nous portons aujourd’hui sur cet homme, nul ne peut contester qu’il a été un grand pionnier de la recherche, de l’enseignement et de la diffusion de notre histoire. A ce titre, il mérite notre reconnaissance.
Je vous souhaite un excellent colloque !
Conférence d’ouverture sur Lionel Groulx
Date : Samedi 18 avril 2015, de 10 h 45 à 12 h 00
Conférencier : Pierre Trépanier, professeur retraité de l’Université de Montréal
Titre de la conférence : Victoires et défaite de Lionel Groulx
Notes biographiques : Professeur d’histoire aux universités de Moncton (1976-1980) et de Montréal (1980-2010), Pierre Trépanier a coédité, avec Giselle Huot et Juliette Lalonde-Rémillard, la Correspondance de Lionel Groulx, 1894-1920, en quatre volumes (1989, 1993, 2003 et 2013). Spécialiste de l’histoire intellectuelle des droites, il a étudié le traditionalisme et des auteurs comme Rameau de Saint-Père, André Dagenais, Robert Rumilly ou Victor Barbeau.
1ère séance – La sensibilité historienne de Lionel Groulx
Animateur : Martin Pâquet, professeur à l’Université Laval
- « Les premières œuvres historiques de Groulx et l’engagement intellectuel de Groulx à l’époque de l’Action française (1915-1928) », Charles-Philippe Courtois, professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean
- « Lionel Groulx devant les historiens de Québec », François-Olivier Dorais, doctorant en histoire à l’Université de Montréal
- « “Rester dans la ligne de l’histoire”. Le messianisme canadien-français dans l’œuvre historique de Lionel Groulx », Julien Goyette, professeur à l’Université du Québec à Rimouski
- « De Garneau à Groulx, qu’est-ce qu’un historien national ? », Patrice Groulx, chargé de cours à l’Université Laval
2e séance – Groulx dans la cité
Animateur : Robert Comeau, historien et professeur retraité de l’Université du Québec à Montréal
- « Lionel Groulx, défenseur et critique de la Révolution tranquille », Éric Bédard, professeur à la TÉLUQ
- « L’Église dans l’œuvre historique de Lionel Groulx : déception et discrétion », Lucia Ferretti, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières
- « Marie-Victorin et le Québec intellectuel de l’entre-deux-guerres : un regard tourné vers l’avenir », Yves Gingras, professeur à l’Université du Québec à Montréal
- « Lionel Groulx et les indépendantistes québécois des années 1930 », Mathieu Noël, historien
3e séance – Table ronde : le rapport à l’histoire depuis Groulx
Animatrice : Karine Hébert, directrice du programme d’étude de cycles supérieurs en histoire au Département des lettres et humanités de l’Université du Québec à Rimouski
- « La radio publique et l’histoire », Lynda Baril, réalisatrice à la radio de Radio-Canada
- « L’histoire nationale entre folklorisation et oubli », Jacques Beauchemin, professeur à l’Université du Québec à Montréal
- « Enjeux de la discipline historique dans le milieu universitaire depuis 1947 », Martin Pâquet, professeur à l’Université Laval
- « L’histoire, la mémoire et la recherche de l’identité perdue », Martin Petitclerc, professeur à l’Université du Québec à Montréal
4e séance – La vulgarisation et la diffusion de l’histoire
Animateur : Éric Bédard, professeur à la TÉLUQ
- « Petite histoire d’une grande revue », Yves Beauregard, historien et directeur de la revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants
- « Historiens, journalistes et vulgarisation du passé dans la série télévisée Le Canada, une histoire populaire (1995-2002) de CBC/Radio-Canada », Olivier Côté, historien des médias
- « De l’érudition à la passion », Catherine Ferland, historienne et chroniqueuse
- « Le livre porteur d’histoire », Sophie Imbeault, éditrice au Septentrion
- « Le roman au service de l’histoire », Micheline Lachance, historienne, journaliste et romancière
- « Clio dans les coulisses des musées, lieux incontournables de transmission de l’histoire », Mélanie Lanouette, directrice du service de la recherche du Musée de la civilisation
- « La diffusion de l’histoire à l’ère post-Gutenberg », Gilles Laporte, historien et président du Mouvement national des Québécoises et Québécois
Clôture de cette séance par Denis Vaugeois, historien et éditeur