Onésime par Albert Chartier : analyse d’une bande dessinée québécoise aux influences américaines

Résumé

La première planche d’Onésime par Albert Chartier parut dans le Bulletin des agriculteurs en novembre 1943. C’est à la demande du périodique que Chartier, un illustrateur commercial de Montréal, crée la fameuse bande dessinée. Elle met en scène un rentier, Onésime, et sa femme Zénoïde à Saint-Jean-de-Matha, vivant des situations rocambolesques. On retrouve une page de la série presque tous les mois dans le Bulletin de novembre 1943 à mai 2002. La bande dessinée est publiée pendant la Seconde Guerre mondiale, où il est plus difficile d’importer les comics strips des Syndicates américains, ce qui lui laisse une chance de percer. Des quelques créations originales québécoises de cette époque, Onésime est la seule qui va perdurer. La série va connaître un véritable succès populaire durant près de 60 ans, ce qui fait de cette bande dessinée un exemple d’objet de la culture populaire du Québec rural de la seconde moitié du 20e siècle, car ce type de succès est presque inégalé dans la bande dessinée québécoise. Sa popularité réside en partie dans l’utilisation efficace des codes de la bande dessinée humoristique américaine par Albert Chartier, tout en l’adaptant au contexte québécois.

Bien que perçu comme une création « typiquement québécoise », on remarque dans Onésime des influences bien américaines. La formation en illustration commerciale américaine de son auteur, mais aussi sa brève expérience dans le comics books américains dans le début des années 1940 transparaissent dans les planches d’Onésime. En plus de voir des influences directes de The Timid Soul, un strip américain populaire dans les années 1930, dans le personnage titulaire de la série de Chartier, on remarque le savoir-faire de la technique dans la construction des planches, dans une optique d’efficacité des gags. Aussi, son utilisation de la caricature dans le dessin de ses personnages en arrondissant les articulations, lui permet de renforcer la dimension comique de la série. Il va aussi adapter l’apparence de ses personnages avec le temps, bien que leur apparence principale se fige avec les années. Le trait de crayon, ainsi que l’utilisation de la courbe auront une influence sur la bande dessinée québécoise, notamment sur Paul de Michel Rabagliati.

On retrouve dans la dimension textuelle des planches le même souci d’efficacité. N’utilisant pas l’onomatopée à outrance, il en fait usage seulement de manière à appuyer un gag ou la narration, ce qui permet une lecture fluide et rapide. Ce souci d’efficacité se retrouve aussi dans les réseaux de phylactères. Peu élaborés, ils véhiculent l’information dont le lecteur a besoin afin de comprendre la chute du gag. Ce n’est pas toujours une réussite, surtout lorsque l’on retrouve des encadrés avec des repères temporels. Le vocabulaire choisi par Chartier dans les phylactères est particulier. Sans tomber dans le joual ou le « sacre », l’auteur va sélectionner différents patois typiques de la province afin de conférer une ambiance « typique ».

Notre recherche permet de comprendre les structures de cette populaire série.

Année de publication
2018
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Trois-Rivières
Nombre de pages
101
Ville
Trois-Rivières
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