Mgr Bruchési et la modernité à Montréal : étude du rapport entre la religion et la modernité au début du XXe siècle (1897-1914)
À rebours du constat d’incompatibilité fondamentale qui oppose le catholicisme et la modernité dans le récit historien au Québec, l’objectif de cette étude est de rétablir un dialogue entre le religieux et le moderne en analysant, au niveau intellectuel, les relations qu’ils ont eues dans une période bien précise de l’histoire du Québec, le début du XXe siècle. Dans le cadre restreint de la maîtrise, il a fallu limiter l’analyse à la réaction religieuse face à l’essor de la modernité. C’est ainsi que le cas de Mgr Bruchési s’est présenté comme le moyen de cerner avec précision les refus et les infléchissements de l’orthodoxie catholique face à la modernité.
À la suite de l’analyse en profondeur des traits fondamentaux de la modernité et de leur confrontation à la pensée religieuse de l’archevêque de Montréal, nous avons dégagé trois grandes lignes de conduite dans la réaction ou l’adaptation de la religion institutionnelle face à l’émergence de la modernité au début du XXe siècle. Une première, marquée par le rejet et la lutte contre le modèle libéral individualiste d’une modernité matérialiste et anthropocentrique; une seconde, caractérisée par l’acculturation partielle de la pensée catholique qui s’effectue par une intégration ou une adaptation de certaines notions modernes au thomisme historique; et une troisième, définie par l’acceptation de la modernité dans ses courants légitimes et par leur christianisation pour éviter qu’ils ne soient dominés par le modèle libéral.