Les pratiques religieuses dans le diocèse de Nicolet, 1855-1955
Le caractère essentiellement rural du diocèse nicolétain confère-t-il quelques particularités aux pratiques religieuses et aux dévotions? Ce caractère fait-il des diocésains des personnes ferventes et pieuses, très respectueuses du prescrit religieux, même dans les années d’après-guerre, au moment où se produit un certain décrochage dans les milieux plus urbanisés et plus industrialisés? À partir des rapports paroissiaux des années 1855 à 1955, nous répondons à ces questions en retraçant l’évolution des pratiques religieuses obligatoires (confession, communion et assistance à la messe dominicale) et surérogatoires (communion fréquente, jeûne et abstinence alimentaires, participation aux associations religieuses et dévotions). Les pratiques entourant les rites de passage (baptême, mariage, sépulture) et les prescriptions à l’égard du paiement des redevances à l’Église, de la tempérance, du repos dominical et des conduites à proscrire (luxe, usure, blasphème, etc.) font aussi partie de notre analyse.
Notre étude s’intéresse notamment au rôle de l’encadrement paroissial et de la diffusion du liguorisme dans la modification des comportements religieux. Elle montre que, durant toute la période étudiée, les Nicolétains sont soucieux de se conformer aux prescriptions religieuses. Avec le resserrement progressif de l’encadrement paroissial et la meilleure diffusion de la doctrine chrétienne, de nouveaux modèles de conduites s’imposent chez le clergé et les fidèles, entraînant un redressement des pratiques religieuses obligatoires à la fin du XIXe siècle et surérogatoires au début du siècle suivant. Les taux d’observance s’élèvent alors pour atteindre un seuil de pratique quasi-unanime qui perdure jusqu’au milieu des années 1950. L’étude des prescriptions morales nuance cependant le tableau dressé précédemment. Alors que le paiement des redevances se fait plus fidèlement et que le repos dominical demeure bien observé, le respect de la tempérance et des interdits moraux oscille de façon cyclique, selon les sensibilités cléricales et les comportements adoptés par les fidèles. Mais, de façon générale, le constat reste le même : les curés sont généralement satisfaits de la pratique religieuse de leurs fidèles qui ne sont pas à l’abri de faiblesses passagères. Rares sont les pécheurs rebelles et invétérés.