Jeunesse, tu deviendras homme. Les discours identitaires véhiculés au sein de l’Association Catholique de la jeunesse canadienne-française, 1904-1931

Résumé

L’Association Catholique de la Jeunesse canadienne-française (ACJC) a connu ses fastes années de 1904 à 1931. Elle est fondée à une époque où l’Église catholique cherche à contenir la propagation des idées anticléricales en encourageant le regroupement et la participation de ses fidèles. Dans ce même intervalle, des crises se succèdent au sein de la Confédération, crises qui ont dynamisé le nationalisme canadien-français. La jeunesse masculine va alors s’offrir, aux yeux de l’élite clénco-nationaliste, comme une force salvatrice envers la société qui connaît les effets de l’industrialisation, de la sécularisation et de l’américanisation.

Pour ce qui est de son credo, le mouvement gravite autour du complexe « foi = patriotisme ». Cette organisation élitiste s’est en effet donné le mandat de former des chefs et des hommes éclairés pour servir la Religion et la Patrie. Par l’entremise de la devise, « Piété, Étude, Action », les membres se sont intéressés aux questions religieuses, nationales et sociales de leur temps. De ce fait, la pérennité de l’Association s’est manifestée par sa lutte constante pour la reconnaissance du français dans les services publics, par son soutien indéfectible aux minorités francophones et catholiques hors-Québec et par l’effort consenti à la propagation du mythe de Dollard des Ormeaux. Pour ce qui est des acéjistes notoires, mentionnons Édouard Montpetit, Frère Marie-Victorin, Arthur Saint-Pierre, Jean-Charles Bonenfant et Maurice O’Bready.

Jusqu’à présent, les analyses portant sur l’ACJC se sont essentiellement penchées sur les dimensions nationalistes du mouvement. En ce qui nous concerne, nous avons revisité l’histoire de l’Association en profitant des percées historiographiques qui ont révélé l’importance de l’âge et du genre comme composantes identitaires. Notre objectif était donc de centrer notre réflexion sur la jeunesse et la masculinité telles que véhiculées dans le discours acéjiste. Nous nous sommes ainsi interrogée [i.e. interrogés] à savoir quels étaient les principales représentations de la jeunesse et les modèles de masculinité qui ont été élaborés et promulgués au sein de l’ACJC.

Par l’entremise d’archives peu utilisées par nos prédécesseurs, ce mémoire tente de mettre en lumière les éléments du discours, et quelques fois de la pratique, qui rendent compte des modèles proposés aux jeunes hommes qui font partie de ce regroupement. Par exemple, nous avons constaté comment les structures organisationnelles de l’Association ont favorisé la diffusion de modèles et la formation identitaire de ses membres. Nous avons aussi noté à quel point on affublait la jeunesse acéjiste de qualités et de défauts, bien qu’elle ait été très hétérogène; nous avons également relevé à quel point elle était porteuse d’espoir, tant pour l’Église que pour la Nation. Nous avons finalement souligné, au sein de l’ACJC, la mise en place d’une virilité élitiste dont les modèles se distanciaient souvent de ceux en vigueur dans la culture populaire.

Année de publication
2006
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université de Sherbrooke
Nombre de pages
165
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