Les alliances conjugales au Haut-Saguenay, 1843-1911

Résumé

Se marier est un geste éminemment social qui, d’une part, suppose l’échange d’individus entre deux familles et, d’autre part, implique des transferts de biens entre ces mêmes individus et leurs familles. Dans les renseignements associés aux hommes et aux femmes qui ont passé un contrat de mariage, comme dans les clauses et conventions établies par les futurs conjoints pour fonder leur ménage, nous avons cherché les traces des règles de jeu social qui président aux unions. Plus largement, nous y avons cherché le reflet des rapports sociaux existant dans le contexte de peuplement qui prévalait au Saguenay au moment de notre enquête, à savoir les années 1843 à 1911.

Les informations tirées des 1813 contrats de mariage jumelés au fichier de population BALSAC-Saguenay de l’IREP nous ont permis de tracer un portrait de certains paramètres de l’alliance conjugale au Haut-Saguenay entre 1843 et 1911. Nous voulons, au-delà des choix individuels et collectifs, mettre au jour les différents aspects démographique, social, spatial, culturel et économique qui entraient en considération dans la réalisation des alliances matrimoniales.

Tout d’abord, en ce qui concerne la reproduction de la population, nous nous intéressons à l’âge au mariage et à l’écart d’âge entre les conjoints. Nous cherchons à savoir, dans le contexte de colonisation de l’époque, si les conjoints se marient jeunes, s’ils sont scolarisés, quelle est la proportion des remariages ainsi que l’étendue de l’aire matrimoniale.

On se penche ensuite sur les dimensions économiques de l’alliance. Se pose ici la question des mariages à visée foncière, laquelle restera visiblement sans réponse car le contrat n’apparaît pas comme le vecteur par où circule la terre. Il reste que les conventions qui régissaient le partage des biens des époux après la rupture du ménage, par la mort ou la séparation, donnent des indications précieuses.

Enfin, on cherchera les traces d’une différenciation sociale dans ce milieu que l’on a tendance à qualifier d’homogène et égalitaire. Nous examinerons, par exemple, si la catégorie socioprofessionnelle des familles des contractants influence les choix matrimoniaux ou les choix des conventions économiques. Nous supposions au départ qu’un critère de différenciation important à l’intérieur d’une unité familiale pouvait résulter de la taille des familles. Nous avons à cet effet examiné l’impact du rang de naissance sur les donations au mariage.

Finalement, cette recherche permet d’approfondir sous différents angles l’analyse de l’alliance conjugale. Elle illustre des pratiques d’alliances qui, à l’échelle paroissiale, aboutissent à définir la cohésion sociale d’un espace fermé et restreint. Elle veut finalement replacer l’observation de comportements à micro-échelle dans un contexte démographique plus large, soit celui de la région du Haut-Saguenay pour la période de 1843 à 1911.

Année de publication
1997
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Chicoutimi
Nombre de pages
184
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