Le discours de la presse d’affaires francophone à propos de la crise économique (1929-1935)
Ce mémoire porte sur les six premières années de la crise des années 1930, d’octobre 1929 à décembre 1935, en utilisant, comme source d’étude, trois journaux d’affaires francophones québécois : Le Prix courant, Les Affaires et Le Bulletin de la Chambre de commerce de Montréal. Le but de cette recherche est d’évaluer la perception du libéralisme dans les milieux d’affaires au Québec durant la pire période de dépression économique de l’histoire moderne. Le dépouillement de ces journaux a ciblé tous les articles s’intéressant à la crise. Quatre discours distincts ont été identifiés à l’intérieur de ces journaux et ils constituent la pierre angulaire autour de laquelle s’articule la réflexion. Ces discours sont ceux des journalistes de la presse d’affaires, correspondant à leurs prises de positions et de leurs intérêts, des hommes d’affaires à travers leurs discours, intégralement ou partiellement repris dans la presse d’affaires, de la Chambre de commerce de Montréal, considérée comme une institution publique regroupant plusieurs hommes d’affaires et dont les opinions sont exprimées à travers la publication de son Bulletin et, enfin, de la presse étrangère, se définissant par une sélection d’articles de journaux étrangers effectuée par la presse d’affaires, quant à leurs intérêts ou leurs besoins journalistiques.
L’hypothèse centrale du mémoire soutient que le libéralisme n’a jamais été abandonné par aucun des quatre groupes identifiés et qu’aucune prémonition quant au développement futur de l’État Providence ne les a poussés à s’adapter à une nouvelle réalité, dans laquelle l’État jouerait un plus grand rôle. La recherche a révélé que le libéralisme le plus intégral est défendu par chacun de ces groupes. L’intervention de l’État est continuellement perçue comme une nuisance ne pouvant pas favoriser la reprise économique. Ces groupes rejettent le protectionnisme de l’époque et militent pour un retour prompt du libre-échange. À l’échelle planétaire, les politiques étatistes fortes, notamment le New Deal de F. D. Roosevelt, sont repoussées car considérées comme menaçantes envers la primauté du libéralisme. Intellectuellement, une conception du temps cyclique permet à ces groupes de relativiser la gravité de la crise.