Joseph-Édouard Turcotte, ses débuts politiques (1808-1840)
Turcotte exerce le droit à Trois-Rivières à partir de 1839. Vers la fin des années 40, il est en même temps commerçant et propriétaire-rédacteur du Journal des Trois-Rivières. Dans les années 50, il devient copropriétaire des Forges Radnor, propriétaire de l’Hôtel Shawinigan, entrepreneur chargé de l’extension du quai des Trois-Rivières et de la construction de l’embranchement du chemin de fer d’Arthabaska, cofondateur du Collège des Trois-Rivières. De plus, il est maire des Trois-Rivières de 1857 à 1863 et participe à la vie politique nationale comme député de différentes circonscriptions électorales : Saint-Maurice de 1841 à 1844 et de 1851 à 1854, Maskinongé de 1854 à 1858, Champlain de 1858 à 1861, Trois-Rivières de 1861 jusqu’à sa mort survenue en décembre 1864. Joseph-Édouard Turcotte préside donc aux destinées de la ville et de la région des Trois-Rivières entre 1840 et 1864.
Or, malgré l’importance du rôle joué par Turcotte dans l’évolution des Trois-Rivières, il n’y a que quelques écrits sur ce personnage de premier plan : des articles nécrologiques parus dans les journaux du Bas-Canada dans les jours qui suivent son décès, un bref article biographique publié, sous le pseudonyme Meinier, par l’abbé Napoléon Caron dans L’Opinion publique du 11 décembre 1873, et un éloge prononcé par un nommé Frigon à l’occasion des noces d’argent du Séminaire des Trois-Rivières en juin 1885. Dans tous les cas, il s’agit de pièces de circonstance, forcément partiales, succinctes et incomplètes. Une seule œuvre vraiment historique a été consacrée à Turcotte : la biographie faite par Francis-J. Audet dans le cadre de ses biographies des députés de la région des Trois-Rivières. Mais là encore, il s’agit d’une œuvre relativement brève, constituant non pas à proprement parler une étude, mais une collection de faits de la vie de Turcotte et de témoignages sur ce personnage. Audet a glané ici et là sa documentation, soit dans les articles biographiques et nécrologiques déjà cités, soit dans des œuvres de contemporains à Turcotte ou dans la tradition orale de la famille Turcotte. Il n’y a donc aucune étude proprement scientifique qui soit consacrée à Turcotte. Or, comme il nous apparaît qu’une telle étude pourrait non seulement faire connaître l’homme que fut Turcotte mais révéler à travers sa vie des aspects de la vie de son époque, éclairer et rendre plus concrète l’évolution de la ville et de la région des Trois-Rivières, compléter enfin la connaissance de la vie politique sous l’Union, nous nous sommes risquée à entreprendre cette étude. Et nous l’avons fait avec d’autant plus de plaisir que, trifluvienne de naissance et d’éducation, nous sommes fière d’écrire quelques pages d’une histoire régionale que nous voudrions plus appréciée parce que mieux connue.