Entre l’enseignement religieux et l’enseignement moral : le régime d’option et le pluralisme religieux dans les écoles secondaires de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1983-1998
Les écoles publiques québécoises offrent obligatoirement à la clientèle, depuis 1983, le choix entre un enseignement religieux confessionnel et un enseignement moral non confessionnel afin d’accommoder le pluralisme religieux manifeste de la société dans un système scolaire confessionnel voué aux catholiques et aux protestants. On observe, dans un premier temps, que l’instauration du régime d’option s’inscrit dans la foulée d’âpres débats, au tournant des années quatre-vingt, à propos de la confessionnalité scolaire émanant des réformes de la Révolution tranquille dans le domaine de l’éducation. L’accroissement graduel de la proportion d’élèves en enseignement moral depuis 1983 au Québec, particulièrement au niveau secondaire et à la CECM, permet d’établir un réel aménagement du pluralisme religieux à travers les structures d’un système scolaire confessionnel qui favorisent uniquement les catholiques et protestants. Dans un second temps, malgré que les élèves choisissent sans le consentement de leurs parents à partir de la troisième année du secondaire, on constate une défection marquée de l’enseignement religieux dès la deuxième année du secondaire selon des données de la CECM entre 1993 et 1998. Ainsi, entre le cinquième et le quart des élèves vont modifier au moins une fois leur choix durant leur séjour au secondaire. Enfin, des professeurs de la CECM interviewés expliquent qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent intervenir lorsque les élèves effectuent leur choix. Au delà des croyances personnelles des élèves, les valeurs de la famille orientent certainement le choix tout comme les amis ou la charge de travail envisagée en fonction du professeur. Il arrive même que des contraintes administratives dues aux horaires fassent en sorte que le choix de l’élève ne soit pas respecté et qu’on sollicite son assentiment pour l’inscrire dans l’autre option. Au total, si le régime d’option permet un aménagement certain du pluralisme religieux dans le système scolaire confessionnel québécois, la réalité du secondaire à la CECM prend le pas sur le régime pour rendre l’option plutôt fonctionnelle, sinon moins centrée sur les questions de nature religieuse ou spirituelle.