De l’universel au particulier : les luttes en faveur des droits humains au Québec, de l’après-guerre à la Révolution tranquille

Résumé

Notre thèse porte sur l’histoire du militantisme en faveur des droits humains au Québec, de la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux premières années de la Révolution tranquille. Elle s’appuie sur une analyse comparative des discours et des revendications portés par quatre organisations issues du mouvement syndical (la Fédération des travailleurs du Québec et la Confédération des travailleurs catholiques du Canada), de la communauté juive (le Congrès juif canadien) et du mouvement étudiant francophone montréalais (l’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal). À travers ces quatre études de cas, nous mettons en lumière le rôle déterminant des organisations non gouvernementales et des groupes et individus victimes d’atteintes à leurs droits dans les processus de réappropriation, d’internalisation et de diffusion des idéaux des droits humains à l’échelle locale et nationale. En exposant les similitudes et les spécificités des trajectoires de ces organisations, de même que l’étendue de leurs réseaux d’alliances, nous démontrons que le discours des droits humains s’est érigé comme un important instrument de mobilisation, de contestation et de changement social pour les principaux groupes et mouvements sociaux actifs au Québec dans les deux décennies suivant la Seconde Guerre mondiale.

Fondée sur une approche multiscalaire, notre recherche porte une attention particulière aux réseaux transnationaux dans lesquels s’inscrivent les acteurs que nous étudions et aux enjeux internationaux qui influencent leur combat pour la reconnaissance de droits humains à l’échelle locale, nationale, régionale et mondiale. À partir de cette dialectique globale-locale, nous démontrons l’impact déterminant du mouvement international des droits humains sur l’évolution des débats qui agitent la société québécoise, mais aussi le rôle structurant du contexte local, marqué par le passage de la période dite de la « Grande noirceur » à celle de la Révolution tranquille au Québec.

Sur le plan théorique, notre étude explore la manière dont les identités et les rapports de pouvoirs ethniques, de classe, d’âge et de genre contribuent à orienter les discours, les revendications et les stratégies des militants qui se revendiquent de l’idéal universaliste des droits humains. En nous inspirant des approches discursive, délibérative et socioconstructiviste, nous montrons que ces droits ne constituent pas un idéal abstrait et universel qui serait par essence désintéressé. Ils apparaissent en effet, sur le plan empirique, comme une catégorie discursive socialement construite et historiquement contingente, qui peut être mobilisée, négociée ou contestée par les acteurs sociaux en fonction de leurs idéologies, de leurs intérêts, de leurs stratégies et de leurs propres conceptions du juste et de l’injuste. Enfin, en envisageant ces droits dans leur dimension formelle (les normes établies par l’État, le droit et la loi) et identitaire (la reconnaissance d’identités sociales et citoyennes), nous mettons en lumière la dialectique entre universalisme et particularisme qui est à l’œuvre dans l’universalisation concrète de l’idéal des droits humains.

Année de publication
2018
Type
Thèse de doctorat
Université
Université du Québec à Trois-Rivières
Nombre de pages
596
Ville
Trois-Rivières
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