Figures marquantes de la solidarité : Jacques Couture (1929-1995)

9 mai 2023
Le ministre Jacques Couture à son bureau en février 1977. Photo : Bernard Vallée, BAnQ, Fonds Ministère des Communications.
Le ministre Jacques Couture à son bureau en février 1977. Photo : Bernard Vallée, BAnQ, Fonds Ministère des Communications.

Né à Québec en 1929, Jacques Couture entre chez les jésuites en 1954 après avoir mis un terme à ses études de droit. Poursuivant sa formation philosophique et théologique, il est envoyé à Taïwan pour y étudier la langue chinoise (1959-1960). Quelques années après son retour à Montréal, il devient prêtre-ouvrier et animateur social dans Saint-Henri (1964). Son engagement, bientôt élargi au sud-ouest montréalais, le mène à cofonder le Rassemblement des citoyens de Montréal et à se porter candidat à la mairie (1974). Remarqué par René Lévesque qui le convainc de solliciter un mandat aux élections de 1976 sous la bannière du Parti québécois, il devient député de Saint-Henri. Ministre du Travail et surtout, de l’Immigration, à l’heure de l’exode massif des réfugiés de la mer (boat people) d’Asie du Sud-Est et de milliers de Latino-américains qui fuient les juntes militaires, il marque alors durablement sa société, posant les bases des politiques spécifiquement québécoises en matière d’immigration. Dès 1982, il devient missionnaire dans le quartier d’Andohatapenaka, l’un des plus pauvres de Tananarive, la capitale de Madagascar, où il œuvrera comme prêtre et animateur social engagé en développement communautaire jusqu’à son décès en 1995.  

Invitée : Catherine Foisy, professeure au Département de sciences des religions de l’UQAM.
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

À propos de Catherine Foisy

Catherine Foisy (Ph. D. Humanities 2012, Université Concordia) est professeure au Département de sciences des religions de l’UQAM depuis septembre 2013, spécialisée dans le domaine du christianisme au Québec et dans le monde contemporain. Formée en science politique, en philosophie, en sociologie et en histoire orale et publique, dans le monde anglo-saxon et francophone, elle s’intéresse principalement aux formes actuelles de la mission, au christianisme social québécois dans une perspective transnationale ainsi qu’aux rapports entre femmes, féminisme et christianisme en contexte québécois. Autrice d’une trentaine d’articles scientifiques consacrés principalement au fait missionnaire contemporain, elle a publié Au risque de la conversion. L’expérience québécoise de la mission au XXe siècle (McGill-Queen’s University Press, 2017). Elle a codirigé deux ouvrages collectifs : Les catholiques québécois et la laïcité (PUL, 2018) et La mission dans tous ses états (XIXe-XXIe siècle). Circulations et réseaux transnationaux (Peter Lang, 2021).

Texte de l’invitée

Né le 23 novembre 1929, Jacques Couture est le fils d’Irène Marcoux et de Joseph-Ubald Couture, haut fonctionnaire œuvrant au bureau des premiers ministres Taschereau, Godbout et Lesage, puis Chef du Protocole du Québec . Cinquième d’une famille de sept enfants, il grandit à Sillery. D’un naturel peu sportif, ses activités parascolaires sont le scoutisme, la ligue missionnaire des étudiants et la congrégation mariale. Premier trait de sa personnalité : dès son plus jeune âge, il est tourné vers l’expérience religieuse, spirituelle et communautaire, visant notamment l’aide du prochain. Jacques Couture connaît les Jésuites depuis l’époque de sa formation classique au Collège Saint-Charles-Garnier de Québec, où il entre en 1943 et qu’il quitte en 1951, son baccalauréat en poche. Deuxième aspect marquant de sa personnalité au cours de ses jeunes années : l’implication politique fait partie de sa vie, dès les années 1940, alors qu’il distribue des tracts pour le Bloc populaire. Troisième aspect : une forme de travail sociocommunautaire. À 18 ans, il a un premier choc en allant dans le quartier Saint-Roch pour soulager la misère des plus pauvres, avec des paniers de provisions de Noël, avant de remonter réveillonner en haute ville. « Une forme de tourisme social », affirmera-t-il plusieurs années plus tard, mais aussi une première prise de conscience qui le met en marche… en vue d’un engagement plus en phase avec la responsabilité dont il se reconnaît porteur, celle de participer à transformer les conditions de vie des plus pauvres de la société.