Le 10 février 1763. Le Traité de Paris

23 fév 2012

Ce matin du 10 février, le duc de Choiseul observe le duc de Bedford signer le fameux traité par lequel la France cède, à la Grande-Bretagne, le Canada et diverses autres possessions à travers le monde. Il s’y prépare depuis trois ans. Cette guerre qui a duré sept ans a coûté trop cher à la France. Il a bien hâte de croiser Voltaire qui lui écrivait quelques mois plus tôt : « Je suis comme le public, j’aime mieux la paix que le Canada et je crois que la France peut être heureuse sans Québec ». Choiseul a convaincu le Roi de préférer le sucre et le poisson à la fourrure. Il n’a qu’un regret : celui de ne pas avoir en face de lui William Pitt le grand vainqueur de cette guerre. Il le sait bien embarrassé. Tous deux se posent en effet la même question : que feront les Treize colonies sans une menace française à leurs frontières? En quittant la salle, il glisse à ses conseillers : « Nous les tenons ! »

Et tant pis pour cent cinquante ans d’héroïsme, tant pis pour un prolongement de la France en Amérique, tant pis pour ses alliés indiens. Qu’ils aillent aux Anglais! Quant au marquis de Montcalm? Que Dieu ait son âme!

Date : 23 février 2012 à 19 h 30
Conférencier : Denis Vaugeois, historien émérite

À propos de Denis Vaugeois

Historien, homme politique, éditeur et auteur prolifique, Denis Vaugeois, qui partage son temps entre l’édition (Septentrion) et la recherche, a signé diverses études portant principalement sur la présence française en Amérique, sur les Amérindiens et les Juifs. Il a été un des principaux artisans du journal historique Boréal Express et du livre Histoire 1534-1968, qu’on retrouve aujourd’hui sous le nom de Canada-Québec - Synthèse historique. Sa bibliographie comprend plusieurs ouvrages parmi lesquels on retrouve La Fin des alliances franco-indiennes (Boréal, 1995) L’expédition de Lewis & Clark et la naissance d’une nouvelle puissance (Septentrion, 2002), Champlain, la naissance de l’Amérique française (Septentrion 2004, codirection avec Raymonde Litalien) et Les Premiers Juifs d’Amérique 1760-1860 – L’extraordinaire histoire de la famille Hart (Septentrion, 2011). Il a par ailleurs coécrit – avec Raymonde Litalien et Jean-François Palomino – La Mesure d’un continent. Atlas historique de l’Amérique du Nord 1492-1914. Paru en 2007, l’ouvrage a remporté les prix Hercule Catenacci et Marcel-Couture en 2008.

Texte de la conférence

Par le traité de Paris du 10 février 1763, Louis XV, roi de France, George III, roi d’Angleterre, Charles III, roi d’Espagne et Joseph 1er, roi du Portugal, mettent fin à la guerre dite de Sept Ans. Cinq jours plus tard, Frédéric II de Prusse et Marie-Thérèse d’Autriche conviennent d’une paix séparée par le traité d’Hubertsbourg (Saxe). Ainsi prend fin le premier vrai conflit mondial. En effet, cette guerre avait touché les quatre coins du monde : l’Asie, l’Afrique, l’ensemble de l’Europe et aussi l’Amérique.

Sur les 27 articles du traité de Paris, quatre concernent directement ou indirectement le Canada. Par l’article IV, la France renonce à une entreprise coloniale absolument unique en Amérique du Nord. Champlain avait vu grand, Talon avait été efficace, Frontenac, audacieux, Iberville, indomptable et visionnaire, Hocquart, méticuleux, La Galissonnière, lucide, Lévis, héroïque.