Conforme? Une histoire sociale du vêtement masculin chez les élites de Montréal, 1837-1918
Le présent mémoire se concentre sur la pratique du vêtement chez les élites montréalaises de la seconde moitié du 19e siècle et du début du 20e siècle. Plus précisément, cette enquête vise à identifier, à l’aide d’un matériel d’archives encore sous-exploité par l’historiographie, le rapport ayant uni les hommes de l’élite montréalaise à leur apparence, rapport duquel peuvent se lire les attentes adressées au comportement masculin et les règles sociales de la mise en scène de soi. L’absence de travaux spécifiques permettant de saisir dans le détail les logiques internes de la tenue masculine à Montréal a motivé un tel projet.
Pour combler ce vide historiographique, trois questions ont ici été adressées au vêtement bourgeois montréalais : 1) « Comment se déclinent les codes de la décence vestimentaire chez les élites montréalaises au tournant du 20e siècle? », 2) « Quelles formes prend la consommation du vêtement chez la bourgeoisie métropolitaine à l’aube de la production de masse du vêtement? » et, plus généralement, 3) « Quelles ont été les conditions de possibilité, matérielles et culturelles, ayant orienté la pratique du vêtement masculin à Montréal à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle? ». En s’appuyant sur un corpus d’archives composé de manuels de savoir-vivre, de photographies du studio Notman et de livres de commandes du tailleur Gibb and Co., il est ici défendu que la tenue masculine, malgré sa conformité apparente, participe toujours chez les élites montréalaises aux enjeux de distinction, enjeux qui se trouvent en vérité renforcés par les traits mêmes de la simplification et de l’uniformisation de l’habit.