Strange allies: Canada-Quebec-France triangular relations, 1944-1970
Cette thèse est une étude des relations triangulaires entre le Canada, le Québec et la France de la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’aux années 1970. L’idée développée est que le rapprochement entre la France et le Québec durant les années 1960 ainsi que les tensions en résultant entre Ottawa, d’une part, Paris et Québec d’autre part, sont le fruit d’un affrontement opposant des courants nationalistes (gaulliste, québécois et canadien) survenant de conditions domestiques s’entrecroisant avec des courants transnationaux culturels et économiques. Sur ces derniers, se greffe le poids toujours croissant des États-Unis, dont le rôle devient prépondérant.
La première partie de la thèse traite de la période allant de 1944 à 1960. Ces années constituent une nouvelle étape dans l’histoire des relations franco- canadiennes. En effet, grâce à une politique atlantiste commune élaborée durant la Guerre Froide, les contacts officiels franco-canadiens sont nombreux. En outre, en harmonie avec la multiplication des échanges transnationaux et la transformation culturelle du Québec, les relations économiques mais aussi culturelles se multiplient également. Pourtant, l’époque n’est pas exempte de difficultés, appelées à se développer ultérieurement. Les conditions contribuant au développement des liens alimentent également les réactions nationalistes. Ottawa et Paris divergent sur bien des aspects de politique étrangère et les relations franco-canadiennes en sont sapées; l’ascension du néo-nationalisme québécois entraîne des tensions internes au Canada tandis qu’au contraire, la France est sollicitée pour maintenir l’identité majoritairement francophone du Québec. La réponse de Paris fut enthousiaste, et motivée par une préoccupation de contrer le pouvoir culturel étasunien.
La deuxième partie de la thèse met en valeur ces relations durant les années soixante. À idée d’une solidarité ethnoculturelle, se rattache une nouvelle donne géopolitique et une conviction que le Québec est au seuil d’accéder à un statut politique neuf, favorisant ainsi des relations privilégiées entre le Québec et la France. Ottawa se bat pour répondre aux défis provenant à la fois du gaullisme et du néo-nationalisme québécois. La crise est aiguë, et sa résolution tient moins à la politique fédérale alors menée qu’aux événements politiques à Québec et à Paris, aux différences entre le nationalisme québécois et le nationalisme gaulliste, et au poids, toujours plus fort, des tendances internationales auxquelles ceux-ci répondaient. Le début des années soixante-dix est marqué par une trêve attentiste entre les différents partis concernés.
Utilisant des éléments de la « new diplomatic history », qui accorde une attention plus grande à la dimension culturelle, la thèse analyse des sources archivistiques de l’ensemble des partis concernés, permettant une compréhension approfondie de l’évolution de leurs relations, mais aussi de la mondialisation.