Nationalisme et libéralisme dans la pensée de Jules Fournier (1904-1917)
Réfléchissant à l’influence qu’a pu avoir le nationalisme sur l’expression du libéralisme au Québec, Fernande Roy souligne que « Les demi-teintes idéologiques sont aussi intéressantes que les tons vifs, du point de vue de la connaissance et de la compréhension de la société québécoise. Mais, sans aucun doute, elles sont plus difficiles à repérer ».
Voilà, résumé en deux phrases, l’intérêt et le défi d’une analyse du discours idéologique de Jules Fournier. Ce journaliste flamboyant et polémiste peut paraître, hier comme aujourd’hui, insaisissable. Libéral radical dans un premier article où il dénonce les compromis politiques de Godfroy Langlois au sein du Parti libéral du Québec, nationaliste bourassiste farouche dans un second où il présente Henri Bourassa comme le sauveur de la « race » canadienne-française, Jules Fournier nous oblige à réfléchir sur ce que sont les idéologies libérale et nationaliste ainsi qu’à déterminer leurs rapports philosophiques et historiques. Plutôt qu’une analyse en profondeur de la nature du libéralisme ou du nationalisme, ce mémoire est une analyse des interpénétrations et des conflits entre ces deux idéologies au sein de la société canadienne-française du début du XXe siècle.
Plus précisément, j’entends, par ce projet de maîtrise en histoire intellectuelle du Canada français, étudier la réflexion sociale et politique de Jules Fournier, journaliste, critique littéraire et directeur de journal, de 1902 à 1917, année de sa mort. Je vise deux objectifs dans le cadre de ce projet :
(i) d'une part, comprendre comment un intellectuel canadien-français du début du XXe siècle pouvait articuler les notions fondamentales du libéralisme et du nationalisme;
(ii) d'autre part, jeter un regard neuf sur l'évolution de ces deux idéologies ainsi que des groupes qui les sous-tendent au sein de la société québécoise pendant cette même période.