« L’union fait la force » : les réseaux de famille, les mariages exogames et l'identité acadienne, 1881-1937

Résumé

Cette thèse s’intéresse à la définition de l’identité acadienne et à la négociation de l’appartenance au groupe au tournant du 20e siècle. Cette période charnière considérée comme une « Renaissance acadienne  » voit l’émergence de nouvelles élites acadiennes qui assurent l’élaboration d’un premier mouvement nationaliste et d’un projet de société propre aux communautés catholiques françaises des provinces maritimes. Notre travail s’intéresse à la période des dix Conventions nationales acadiennes organisées entre 1881 et 1937 puisque ces rassemblements facilitent les discussions des chefs de file concernant la définition du groupe comme une « grande famille » qui s’étend à tous les descendants de la Déportation acadienne de 1755.

En plus de la construction identitaire élaborée dans le contexte de ce discours, cette thèse explore les nuances de l’appartenance au groupe à l’époque d’importantes transformations socioéconomiques en Amérique du Nord. Ces changements ont des conséquences sur la culture acadienne et sur l’expansion des réseaux familiaux et communautaires. Nous explorons ainsi les effets de ces changements sur le mariage, et plus spécifiquement, sur le mariage à l’extérieur du groupe. Le mariage exogame, dans ce cas, permet de retracer et d’explorer comment les hommes et les femmes ont exprimé leur appartenance au groupe, ou à divers groupes, par l’établissement de liens intimes entre eux et leurs voisins.

Le lien entre le foyer et le projet national a été peu exploré en Acadie. Bien que certains historiens aient considéré les stratégies matrimoniales et la construction de réseaux sociaux en Acadie avant le Grand Dérangement, le mariage à la suite de cette période n’est qu’étudié en rapport à la « survivance » de la culture acadienne. Le mariage exogame n’a pas trouvé sa place dans ce récit et son interprétation a généralement été limitée à l’assimilation et à la perte de l’identité.

Comment ainsi définir l’appartenance d’une culture en évolution et l’exogamie d’un groupe hétérogène? L’exogamie n’est pas interprétée de la même façon par l’élite que par les diverses communautés de la diaspora acadienne. En effet, le groupe n’est pas toujours défini par ses origines ethniques, car l’appartenance est aussi influencée par le genre, la région et la classe sociale. Nous constatons que les réseaux sociaux sont complexes, car à la suite de leur Grand Dérangement, les communautés acadiennes s’adaptent à de nouvelles conditions socioéconomiques, démographiques et environnementales.

Cette thèse utilise une multitude de sources quantitatives et qualitatives pour présenter une nouvelle interprétation de la période de la « Renaissance acadienne » en explorant l’histoire sociale, culturelle et intellectuelle afin de révéler la complexité de la construction identitaire à cette période.

Auteur
Année de publication
2016
Type
Thèse de doctorat
Université
Université McGill
Nombre de pages
327
Ville
Montréal
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