Les élections générales de 1834 (Bas-Canada) et les élections générales de 1841 (ancien Bas-Canada) : continuités et ruptures
Les élections générales de 1834 et de 1841, tenues à presque sept années d’intervalle, ont eu toutes deux la particularité de questionner le statut colonial du Bas-Canada, et celui de ses habitants. La première élection a porté très largement sur l’approbation ou le rejet des 92 Résolutions adoptées précédemment par les députés du XIVe Parlement du Bas-Canada alors que la seconde a été une occasion de consulter l’électorat bas-canadien sur l’Acte d’Union, imposé par les autorités métropolitaines à l’été 1840.
L’objet de cette étude est l’analyse du passage de l’ancien Bas-Canada au nouveau Canada-Uni, instauré par le régime de l’Union. Pour cette étude, nous replions l’examen de l’élection générale de 1841 sur celle de 1834, afin de comparer les enjeux débattus lors des deux élections, leur transposition respective dans les deux campagnes électorales et leur impact dans le déroulement des scrutins. De plus, l’examen des analyses contemporaines de ces élections nous permet de faire ressortir l’importance de certains débats au sein de la société bas-canadienne.
De ces élections générales de 1834 et de 1841, il nous est possible de dégager quelques continuités et ruptures. Sur le plan de la continuité, deux volets retiennent particulièrement notre attention : la confrontation de deux conceptions différentes de l’identité coloniale, portant principalement sur l’appartenance à une communauté linguistique et sur le maintien des liens coloniaux, et l’opposition entre la volonté de changement ou de maintien de l’ordre établi.
En ce qui concerne les phénomènes de rupture, la plupart des changements, transformations ou renversements de situation observés paraissent liés aux événements survenus entre la tenue des deux élections, les Rébellions de 1837-1838. Ces événements sont vus par les contemporains comme une brisure des conventions, que chacun utilise comme point de repère pour l'analyse des enjeux soulevés par l'Union et la perception de l’avenir colonial.