Les centres d’instruction élémentaire de Joliette et de Huntingdon, leur rapport à la population et le traitement de l’actualité militaire par la presse locale pendant la Seconde Guerre mondiale

Résumé

Ce mémoire tente de définir ce qui distingue les anglophones des francophones dans leur rapport au domaine militaire pendant la Seconde Guerre mondiale et, dans une moindre mesure, d’expliquer cette distinction. À cette fin, il se penche sur deux milieux que certains traits rendent comparables. Les villes de Joliette et de Huntingdon ont toutes deux été choisies pour l’ouverture d’un centre d’instruction élémentaire de l’armée canadienne et constituent un excellent point de départ pour l’étude de la présence militaire au Québec durant la guerre.

L’étude des journaux de guerre des camps d’entraînement de l’armée démontre que les militaires entretenaient des liens de tous ordres avec les populations civiles voisines. Les deux populations se côtoyaient en de nombreuses occasions et leurs relations servaient divers objectifs, tant économiques que sociaux. De ce point de vue, l’expérience militaire des deux localités et la réponse du milieu civil à la présence de l’armée sont tout à fait comparables.

Toutefois, l’étude de la une de deux hebdomadaires locaux, L’Étoile du Nord de Joliette et le Huntingdon Gleaner de Huntingdon, révèle quant à elle des différences significatives dans le traitement médiatique de l’actualité militaire. La publication anglophone consacre à ce thème près de trois fois plus d’espace en première page que la publication francophone. De plus, les thèmes privilégiés de part et d’autre indiquent des différences de perception de la part des rédactions des deux publications à propos du service militaire, de l’armée canadienne et de la guerre.

Ces observations, en raison de l’échantillon restreint sur lequel elles s’appuient, ne nous permettent pas de construire un modèle interprétatif définitif des perceptions anglophones et francophones de ces thèmes. Elles indiquent cependant une différence marquée de la place qu’occupait l’actualité militaire pour les deux publications. Considérant la nature et les fonctions des hebdomadaires, ce phénomène reflète selon nous une profonde différence dans les perceptions respectives des deux groupes quant aux sujets militaires. Il appelle également à une réinterprétation de la réaction des francophones du Québec face à la guerre. Pour eux, l’enrôlement ne semblait pas être la contribution la plus appropriée, ce qui pourrait s’expliquer par leur vision peu enthousiaste face au service militaire et à l’armée, et par l’attrait que représentaient les autres manières de participer à l’effort de guerre, comme les emprunts de la victoire et le soutien à la Croix-Rouge Canadienne. 

Année de publication
2008
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Montréal
Nombre de pages
147
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