Le projet indépendantiste québécois dans la fiction spéculative canadienne de 1975 à 1980

Résumé

Ce mémoire a pour objectif premier d’analyser et de décrire les représentations que construisent les auteurs de fiction spéculative canadiens au sujet de l’indépendantisme québécois. Ces derniers, particulièrement les auteurs anglophones, ont créé collectivement un corpus imposant de romans et de nouvelles, mettant en scène le mouvement indépendantiste québécois ou, dans certains cas, une éventuelle République du Québec.

Or ces documents sont eux-mêmes le produit d’une époque historique avec laquelle ils sont en interaction. Ils constituent donc un moyen d’étudier leur contexte idéologique de production.

À ce titre, la période 1975 à 1980 est particulièrement intéressante pour étudier les représentations du mouvement souverainiste dans la fiction spéculative, car elle correspond à un contexte historique particulier, à savoir la période comprenant la transformation du Parti québécois en parti de gouvernement (1976) et les incertitudes liées à l’imminence d’un référendum.

Après notre premier chapitre traitant de notre méthodologie et de l’historiographie de la question, notre deuxième chapitre place ces récits en relation avec une certaine tradition canadienne du récit de fiction spéculative qui se caractérise par son aspect très politique, et ce, depuis le dix-neuvième siècle, tant du côté francophone qu’anglophone.

Dans notre troisième chapitre, nous avons voulu démontrer que le corpus canadien d’expression anglaise se spécifie surtout par la généralisation des personnages francophones sous la notion de gallicité, soit le caractère de ce qui vient de France, par opposition à une essence anglo-saxonne. Cette essence gallic implique souvent une utilisation de la violence pour parvenir à l’indépendance. L’idée même d’un Québec indépendant est considérée comme contre-historique. Nous avons aussi décrit comment s’articule la diabolisation du nationalisme québécois sur le plan rhétorique, ce nationalisme n’étant pas considéré comme la conséquence d’une situation sociale ou politique, mais comme une dégénérescence de l’essence gallic.

Ce sont ces éléments que nous avons comparés au corpus francophone dans notre quatrième et dernier chapitre. De leur côté, les récits francophones se caractérisent étonnamment par leur relative indifférence face à l’indépendance du Québec, qui sert davantage de contexte pour le récit que de moteur narratif. Contrairement au contexte anglophone, l’éventualité de l’indépendance n’est pas vécue comme en elle-même problématique, ce qui ne signifie pas nécessairement un appui à la cause indépendantiste.

Ces façons d’appréhender la situation politique canadienne, le nationalisme québécois en général et l’indépendantisme en particulier, ne peuvent évidemment être considérées comme étant limitées à la fiction spéculative. Si ces représentations sont si généralisées, c’est qu’elles sont le reflet d’appréhensions politiques réelles. À ce titre, la fiction spéculative nous paraît être une source privilégiée pour en faire la démonstration.

Année de publication
2009
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Montréal
Nombre de pages
112
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