Le ciné-club étudiant au Québec, un véhicule d’ouverture à la modernité culturelle, 1949-1970
L’histoire du mouvement des ciné-clubs étudiants au Québec a certes de quoi fasciner. Nés à la fin des années quarante, les ciné-clubs étudiants ont entraîné toute une génération de cinéphiles à développer leurs connaissances cinématographiques et à apprécier les prodiges du septième art. Qui plus est, l’engouement entourant les cinéclubs étudiants nous permet de nous questionner sur une période charnière de l’histoire du Québec contemporain – celle des années cinquante et soixante – en l’observant avec de nouvelles perspectives où s’entremêlent : cinéma, jeunesse, religion, éducation et modernité.
Le présent mémoire cherche à répondre à la question suivante: Dans quelle mesure le phénomène des ciné-clubs étudiants s’est-il avéré un vecteur du développement de la culture et de l’éducation cinématographiques de la jeunesse au Québec durant les décennies 1950 et 1960, et plus largement, comment les ciné-clubs ont-ils contribué au processus de modernisation culturelle qui préparait la Révolution tranquille à partir des années 1950?
Nous retraçons d’abord les origines des ciné-clubs, qui sont développés au départ par les efforts de la Jeunesse étudiante catholique et de l’Église, dans le but de s’approprier le médium du cinéma et de contrer l’ignorance, l’inaptitude et la passivité de la population (surtout de la jeunesse) dans ce domaine. Nous analysons ensuite l’apport de la méthode spécifique et des activités des ciné-clubs au niveau de la diffusion du savoir cinématographique et de la socialisation des participants. Nous étudions finalement les principaux legs des ciné-clubs étudiants, en lien avec l’appropriation du cinéma par la collectivité, la diffusion d’une nouvelle alphabétisation, l’apprentissage de la grammaire cinématographique (procédés techniques et éléments esthétiques constituant le film) et l’élaboration d’une politique d’éducation cinématographique articulée et arrimée au nouveau système d’éducation établi au Québec des suites du Rapport Parent.