La dynamique d’étalement urbain dans les villes moyennes situées dans des terres à haut potentiel agricole : le cas de Saint-Hyacinthe et Saint-Jean-sur-Richelieu, 1960-2014
Cette étude porte sur la dynamique d’étalement urbain des villes moyennes situées dans des terres à fort potentiel agricole. Les villes qui nous intéressent sont celles de Saint-Hyacinthe et de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie. Les sources que nous avons analysées pour en venir à la réalisation de ce mémoire sont les photographies aériennes de ces villes pour les années 1964, 1983, 1997 et 2014, les plans d’urbanisme, ainsi que les dossiers de la commission de protection du territoire agricole du Québec. L’objectif de ce mémoire est de montrer qu’il existe bel et bien un phénomène d’étalement urbain dans ces villes moyennes et surtout de comprendre comment ceux-ci sont alimentés et de quelle façon le processus se réalise. Notre étude s’inscrit dans le domaine de la géographie urbaine et elle a pour but d’apporter des connaissances nouvelles en matière d’étalement urbain, en ayant ces villes moyennes comme objets de recherche.
Avant de prouver qu’il y a progression du fait urbain dans les villes de Saint- Hyacinthe et de Saint-Jean-sur-Richelieu, une analyse historique pour comprendre par quel chemin ces entités sont passées pour atteindre leur statut de centre régional est faite. Pour appréhender ce phénomène d’étalement urbain, nous avons d’abord réalisé une analyse démographique des deux localités. Rapidement, à l’aide des recensements canadiens, nous avons constaté une progression de la population des deux villes entre 1960 et 2014. Ensuite, par l’analyse des photographies aériennes avec l’aide d’un SIG, nous avons procédé à une analyse spatiale pour constater qu’il existe également une augmentation du cadre bâti dans les villes de Saint-Hyacinthe et de Saint-Jean-sur- Richelieu dans la même période. Ces données combinées prouvent ainsi qu’il existe bel et bien un étalement urbain aux pourtours de ces villes, mais nous constatons déjà à cette étape qu’il existe des différences marquées entre celles-ci.
Nous procédons ensuite à l’analyse des facteurs externes qui affectent la dynamique d’ étalement urbain. Pour nous, un facteur externe exerce son influence sur la progression du cadre urbain indépendamment des institutions gouvernementales ou du cadre légal en place. Ces facteurs, qui ont été identifiés à l’aide des données obtenues par l’analyse des photographies aériennes, sont la motorisation et les attraits de la nature. La motorisation pour sa part attire le cadre bâti notamment près des grandes voies de transport, tandis que les attraits de la nature, qui se manifestent particulièrement à proximité des rivières, attirent des résidents plus fortunés, ce qui provoque également un étalement.
Finalement, les autres facteurs qui affectent la dynamique d’ étalement urbain sont les facteurs internes dans le sens où ils relèvent des institutions politiques et juridiques propres à la société étudiée. Nous avons étudié les décisions de deux institutions, soit les décisions du gouvernement provincial par celles de la Commission de protection du territoire agricole du Québec et les décisions des gouvernements municipaux en matière d’aménagement du territoire par l’analyse des plans d’urbanisme des deux villes. Il ressort que les décisions gouvernementales en matière de protection du territoire agricole influencent la dynamique d’étalement urbain en le limitant. En ce qui concerne les décisions en matière d’aménagement des municipalités, si la ville prévoit un développement résidentiel et industriel ou une affectation à son territoire dans son plan d’ urbanisme, il y a de fortes chances que pareils objectifs se réalisent et que soit ainsi influencée la dynamique d’étalement urbain.
L’identification de ces facteurs externes et internes permet ainsi d’affirmer qu’il existe un phénomène d’étalement urbain dans ces villes et d’ainsi comprendre de quelle façon il se réalise.