L’histoire de la folie criminelle au Québec de 1840 a 1945
Notre thèse a pour objectif d’étudier l’évolution du savoir médical face a la délicate question de la folie criminelle depuis 1840 au Québec. L’étude de cette question, source de conflit constant entre la psychiatrie et le droit, nous obligera parallèlement à dresser l’histoire de l’expertise psychiatrique et des diverses solutions institutionnelles mises en place depuis le milieu du XIXe siècle pour interner ces individus, trop raisonnables pour l’asile, trop irresponsables pour la prison mais toujours trop dangereux pour être laissés en liberté.
Si depuis quelques années, l’histoire de la folie. de la psychiatrie et de l’institution asilaire au Québec ont commence à attirer l’attention des historiens, celle de la folie criminelle a jusqu’à maintenant été laissée de côté par les chercheurs. Or, l’étude de cette question est essentielle pour saisir le rôle de la psychiatrie dans la société occidentale contemporaine. En effet, c’est par l’entremise de l’expertise psychiatrique lors de certains procès criminels que les aliénistes ont pour la première fois été appelés à intervenir hors des murs de l’institution asilaire.
L’utilisation de sources multiples et très variées (traités médicaux, revues médicales, journaux, etc.) nous permettra d’examiner et de confirmer les hypothèses suivantes :
- que la question de la folie criminelle a permis la psychiatrisation du crime, c’est-à-dire l’introduction, d’abord timide puis de plus en plus omniprésente, d’un nouvel individu,l’expert médico-psychologique, dans le processus judiciaire.
- que le développement du savoir psychiatrique face à la folie criminelle a permis de remettre en question l’idée d’une séparation nette entre la raison et l’aliénation.
- que le savoir des aliénistes québécois au sujet de la folie criminelle est en parfait accord avec les diverses théories adoptées au fil du temps par leurs collègues étrangers.
- que le conflit entre justice et psychiatrie a provoqué la création d’une institution hybride, l’hôpital psychiatrique à sécurité maximale.
- que cette institution a joué un rôle d’avant-garde au niveau de la recherche et du traitement psychiatrique.