L’épidémie de variole de l’hiver 1702-1703 dans la ville de Québec
Cette étude de l’épidémie de variole de l’hiver 1702-1703 est originale en ce sens qu’elle est basée sur un ensemble de familles reconstituées. Une analyse portant sur des individus regroupés en famille est différente d’une compilation de décès sans relation avec le lien familial. Ce travail met donc de l’avant des caractéristiques qui permettent de mieux comprendre les modalités des épidémies et les réactions de la population à ce fléau. Par notre recherche qui repose sur les registres paroissiaux et sur les actes du notaire Chambalon, nous avons voulu connaître si certains groupes sociaux étaient davantage décimés que d’autres par la crise de mortalité. Nous avons donc examiné le processus d’évolution de la crise de mortalité, puis classifié les décès suivant la profession, l’état matrimonial, l’âge, le sexe, etc. Nous avons constaté qu’aucun groupe social n’était plus défavorisé qu’un autre et que les riches étaient aussi vulnérables que les pauvres. Nous nous sommes attardés ensuite aux conséquences démographiques et sociales de la crise de mortalité. Nous avons découvert une diminution de la fécondité pendant la crise. Cette diminution semble commune à toutes les recherches menées sur les crises de mortalité tant en Europe qu’en Amérique. Il en est de même pour les reprises de la nuptialité et de la fertilité d’après-crise. Quant aux conséquences économiques de la crise, il apparaît que l’épidémie vient aggraver une crise économique déjà désastreuse avant l’arrivée de la contagion.