L’encadrement du mouvement de colonisation dans le Piedmont des Laurentides dans Lanaudière de 1810 à 1880
Ce mémoire a pour objet d’étude les formes d’encadrement de la colonisation du piedmont laurentidien dans la région de Lanaudière au XIXe siècle. Après la présentation du cadre physique (relief, fertilité des sols, climat, etc.) et du contexte historique dans lequel s’inscrit la colonisation lanaudoise, le mémoire se concentre sur l’encadrement gouvernemental et l’encadrement religieux du mouvement de colonisation. Dix établissements ayant vu le jour entre 1810 et 1880 ont été retenus : Saint-Jean-de-Matha, Saint-Félix-de-Valois, Sainte-Mélanie, Saint-Ambroise-de-Kildare, Rawdon, Saint-Calixte, Sainte-Julienne, Chertsey, Saint-Gabriel de Brandon et Saint-Alphonse Rodriguez.
Au début du XIXe siècle, la majorité de la population lanaudoise se concentre dans les seigneuries longeant le fleuve et ses principaux aflluents. Tout au long du siècle, le Bas-Canada est touché par une hausse démographique importante. L’écoumène s’élargit. Dans Lanaudière, la colonisation envahit le piedmont laurentidien. Les nouveaux arrivants sont confrontés à des conditions physiques différentes. Issus des fertiles Basses Terres du Saint-Laurent, peuplées aux XVIIe et XVIIIe siècles, les colons rencontrent des sols souvent infertiles, un climat plus rigoureux, un relief plus accidenté, autant de facteurs qui ont affecté la colonisation.
Dans l’arrière-pays, les colons sont d’abord sujets à un premier encadrement de la part du gouvernement. Celui-ci organise les nouveaux territoires de colonisation afin que les colons puissent s’y installer. De nombreux cantons sont créés, dont ceux étudiés ici, soit les cantons Rawdon, Chertsey, Cathcart, Kilkenny, Brandon et Kildare. Le cadre gouvernemental oriente donc les colons vers une forme particulière de colonisation (division des terres en lots précis, achat de la terre, billets de location, lettre patente, chef de canton, système du range, etc.) différente de celle qui prévalait dans les seigneuries longeant le fleuve. Toutefois dans Lanaudière, au même moment, s’ouvrent à la colonisation deux seigneuries créées au XVIIIe siècle dans l’arrière-pays, les seigneuries d’Ailleboust et Ramezay, laissant amSl se perpétuer la coutume seigneuriale dans les nouveaux territoires. Les formes d’ encadrement mises en place par le gouvernement furent plus ou moins respectées par les colons à cause de leurs lacunes et des autres enjeux entrant en ligne de compte dans la colonisation du piedmont.
Quelques années après l’installation des premiers colons apparaît l’encadrement religieux. Ce sont les colons qui en font la demande la plupart du temps. L’encadrement religieux touche le développement des communautés et la formation d’un premier noyau de population. Lorsque les colons deviennent assez nombreux dans un canton, ils font appel à l’évêché afin d’obtenir une mission et la construction d’une première chapelle qui leur permettra d’avoir un service religieux plus régulier près de chez eux et de fixer le noyau villageois. La paroisse mère offrira les services religieux à la mission jusqu’à ce que celle-ci se développe et acquière son autonomie, grâce à la transformation de la mission en paroisse ou à l’obtention d’un curé résident. À travers la fabrique, les colons s’impliquèrent dans la formation de leur paroisse et de leur communauté, jusqu’ à l’apparition de la municipalité qui vint compléter leur champ d’ action dans la sphère publique.
Bref, ce mémoire se veut une contribution à l’étude de la colonisation du Bas-Canada, en particulier de la région de Lanaudière au XIXe siècle, en utilisant comme terrain d’enquête l’ouverture et le développement de dix établissements du piedmont lanaudois.