L’Église et les loisirs : le rôle du Centre Immaculée-Conception, 1951-1999
De façon générale, l’historiographie aborde rarement le développement de la paroisse urbaine et le rôle qu’elle s’est donné comme organisatrice de loisirs pour ses paroissiens. L’objectif de ce mémoire est d’étudier l’œuvre pastorale de l’Église dans le domaine des loisirs, plus particulièrement le rôle du Centre Immaculée-Conception de Montréal entre 1951 et 1999. Dans la perspective d’examiner le projet social du Centre en relation avec les idées de l’Église en matière de loisirs, le milieu socio-économique, l’évolution du projet et les relations entre les différentes instances religieuses sont abordés.
Durant cette période de près de cinquante ans, marquée par la Révolution tranquille et une évolution rapide des mœurs, le Centre Immaculée-Conception connaît, comme la société québécoise et l’Église catholique, des transformations importantes. Nous avons examiné la structure organisationnelle et la gestion du Centre, son offre de services et l’évolution de sa clientèle. Cette recherche démontre que l’Église a su rivaliser avec le secteur commercial des loisirs et qu’elle a même innové, sous certains aspects, en offrant davantage que ses concurrents. L’étude démontre aussi que cette œuvre repose en grande partie sur l’engagement d’un individu, le Père Marcel de la Sablonnière, s.j., qui a réussi à amalgamer deux passions : l’Église et le sport. Le Père de la Sablonnière, l’âme du Centre durant toute la période, a créé une entreprise dynamique et a mis sur pied un important réseau de soutien.
Finalement, cette étude montre que si le succès commercial du Centre ne fait aucun doute, les Jésuites questionnent ce genre d’entreprise pour leur action pastorale à partir des années 1960. Le succès commercial n’assure pas les résultats pastoraux anticipés. Les changements qu’apporte la génération des baby-boomers, principalement en ce qui a trait aux valeurs et aux mœurs, et qui sont généralement bien acceptés par le directeur du Centre Immaculée-Conception, se confrontent à une Église qui peine à suivre le rythme de la mutation sociétale. Cet écart entre le Centre et les orientations épiscopales se finalise par un retrait des Jésuites de cette œuvre qui reste une institution de renom encore aujourd’hui au Québec.