L’écologie scientifique et l’exploitation des ressources cynégétiques : les transformations de la gestion faunique au Québec, 1961-1994

Résumé

Après la Seconde Guerre mondiale, la démocratisation de la chasse sportive et l’ouverture du territoire de chasse accentuent la pression de chasse sur le gibier du Québec. En 1961, pour évaluer l’ampleur de l’épuisement des ressources fauniques et améliorer le succès de la récolte du gros gibier, l’État québécois forme le Service de la faune. Par l’entremise de chercheurs issus des sciences biologiques et de l’ingénierie forestière, ce service faunique inaugure une recherche sur la faune terrestre qui vise à renseigner la politique québécoise de gestion faunique en v ue d’assurer la pérennité de l’exploitation des ressources cynégétiques. De la création du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche en 1963 au démantèlement du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche en 1994, ces chercheurs produisent des travaux sur les populations d’orignaux et de cerfs de Virginie, mais aussi sur les milieux de vie de ces espèces fauniques. La production scientifique du service faunique oriente l’élaboration des politiques qui accompagnent l’ouverture du territoire de chasse et guide la révision des règlements de chasse et pêche et du cadre législatif sur l’exploitation des ressources fauniques.

Dans ce mémoire, nous montrons que l’intensification des activités scientifiques au service faunique appuie l’arrimage d’une perspective écologique à l’action gouvernementale en matière d’exploitation des ressources cynégétiques.

L’accroissement des interactions entre l’écologie scientifique et l’encadrement étatique des activités de chasse et pêche caractérise les transformations de la gestion faunique au Québec dans la seconde moitié du 20e siècle. Pour cerner ce rapport, nous identifions les chercheurs qui investissent l’appareil administratif de l’État québécois, puis nous analysons le changement dans les conditions institutionnelles de la gestion faunique et dans les pratiques de la recherche de ces scientifiques. Parmi les manifestations de l’intégration d’une perspective écologique à la gestion faunique, nous examinons, d’une part, les efforts des chercheurs qui introduisent le concept d’habitat faunique dans la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et, de l’autre, les implications de cette démarche pour la planification des pratiques aménagistes visant les populations d’ongulés et leurs milieux de vie.

Dans l’ensemble, ce cas de figure des transformations de la gestion faunique met au jour la formation d’une niche institutionnelle par les biologistes de la faune et les ingénieurs forestiers au sein de l’État québécois, l’acclimatation de ces chercheurs aux rouages gouvernementaux entourant l’élaboration des politiques fauniques, de même que la négociation par ces scientifiques d’une intervention sur les populations animales et leurs milieux de vie qui tient compte de certains principes de l’écologie scientifique. Pour rattacher cette démonstration à la littérature scientifique en histoire des sciences, de l’environnement et de l’administration publique, nous inscrivons notre étude des interactions entre l’écologie scientifique et l’exploitation des ressources cynégétiques au cœur d’une problématique qui interroge le rapport entre les savoirs et les politiques publiques.

Année de publication
2018
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Trois-Rivières
Nombre de pages
139
Ville
Trois-Rivières
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