L’administration du secours direct durant la crise des années 1930 à Montréal : les enquêtes de 1937
Dans la société montréalaise du début du siècle, les années qui couvrent la Crise économique sont généralement marquées par les mauvaises conditions de vie des populations ouvrières. De nombreux ouvrages décrivent ces mauvaises conditions de vie. Cependant, les contraintes administratives liées à cette situation économique difficile, spécialement en milieu urbain et industriel, ont amené l’émergence de structures de soutien financier, notamment l’instauration du secours direct. Les différents organismes de charité présents au début de la crise, et même avant pour plusieurs d’entre eux, ont pris en charge le secours aux plus démunis de la population. Dépassés par la lourdeur de la tâche, les organismes sociaux et religieux sont incapables de soutenir à eux seuls la population nécessiteuse. Les instances gouvernementales doivent prendre le relai. Financé par les paliers gouvernementaux fédéral et provincial, c’est au municipal que revient la tâche de distribuer le secours direct, selon ce qui était prescrit à l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique. L’implantation de cette mesure d’aide financière a des impacts importants sur l’administration de la ville et sur son système; de nombreuses questions sont ainsi soulevées sur la manière la plus rentable pour réussir à faire cette distribution.
La ville de Montréal s’est donc retrouvée avec l’obligation d’aider la population à traverser ces durs moments. La Commission du chômage de Montréal a donc été créée précipitamment en 1933 puis modifiée en 1934 pour mieux répondre aux différentes obligations administratives afin de pouvoir recevoir l’aide gouvernementale versée pour les sans-emploi. Durant les années 1936- 1937, des plaintes sont formulées au conseil de la ville et dans les quotidiens de l’époque, particulièrement envers le dirigeant de cette commission, le général Panet et envers son administration. Deux enquêtes seront menées pour faire la lumière sur la gestion de la distribution du secours direct, l’une municipale nommée par le conseil et menée par l’échevin Brien et une seconde mise en place par les autorités gouvernementales et menée par l’enquêteur Aubé de la Sûreté provinciale.
Ces deux enquêtes nous permettent de mieux comprendre les contraintes administratives liées à la distribution du secours direct et les décisions qui seront prises par la suite. Cette idée de remettre de l’argent sans qu’aucun travail n’y soit associé, est plutôt contraire à la mentalité de l’époque et pourtant elle s’avère essentielle pour la survie de nombreuses familles. Une grande distinction doit être faite entre cette mesure de contrôle social qui doit rester temporaire et la charité qui est nécessaire dans certains cas et pour une plus longue durée. Pour avoir une gestion plus efficace, c’est au niveau de l’administration du secours direct que des changements doivent être apportés pour la rendre plus efficace et moins couteuse à opérer. Certaines conclusions viennent mentionner le manque d’uniformité dans la mise en application de cette aide; cette mesure locale est une mesure sociale qui doit être prise au sérieux par les autorités gouvernementales. Cette mesure devrait être mieux définie pour une application commune à l’échelle nationale, car elle est directement liée à l’emploi et donc à l’économie qui elle est quant à elle gérée par des mesures centrales et nationales. Le maire de Montréal va procéder rapidement à des changements dans son administration afin d’améliorer la situation de son administration, bien que les deux enquêtes ne soient pas terminées. Ces dernières ne seront jamais revues en profondeurs puisque les changements opérés dans l’administration de la ville n’attendent pas leurs conclusions pour agir.