Reproduction sociale à l’Île d’Orléans : stratégies, transmission du patrimoine et migrations sous le régime français
Sous le Régime français, les pratiques successorales étaient régies par la Coutume de Paris. En théorie, ce système dictait une répartition égale du patrimoine entre tous les enfants. Pourtant, dans les faits, de nombreuses dérogations ont été commises. Le système égalitaire ouvrait la porte à une large gamme de stratégies.
À partir d’un échantillon réduit de terres de l’île d’Orléans, cette recherche a pour but d’étudier à l’échelle « micro », le processus de transmission des terres avant 1760 et les répercussions qu’il entraîne sur le destin migratoire de chaque cellule familiale. C’est donc une reconstitution de l’histoire des familles tout autant que celle des terres.
Afin de mener à bien l’analyse longitudinale du profil des bénéficiaires et des exclus du système de transmission du patrimoine ainsi que le destin migratoire de chaque membre des familles, deux corpus de données ont été constitués et exploités. Le premier, reposant principalement sur les actes notariés, est formé d’un échantillon de dix-huit terres de l’île d’Orléans. Le second, établi à partir du registre de la population du Québec ancien mis sur pied par le PRDH, est la reconstitution des familles des propriétaires de l’échantillon.
En suivant cet échantillon de terres et de familles, j’ai pu étudier sur trois générations les comportements vis-à-vis de l’alliance, de la transmission du patrimoine et de la mobilité résidentielle. J’ai ainsi organisé ma recherche, dans un premier temps autour des stratégies foncières et matrimoniales utilisées par les familles afin de sauvegarder ou d’agrandir le patrimoine foncier. Ensuite, dans un second temps, j’ai essayé de découvrir comment s’opérait la transmission du patrimoine. Dans un dernier chapitre, j’ai suivi dans leurs migrations, chacun des membres des familles étudiées afin de vérifier dans quelle mesure les migrations se sont effectuées en fonction de solidarités familiales.