François-Albert Angers et la nation confessionnelle (1937-1960)
Économiste et intellectuel, François-Albert Angers a su mener une brillante carrière d’universitaire et poursuivre un engagement national et social soutenu. Nationaliste-traditionaliste, il s’inscrit en continuité avec Lionel Groulx et Esdras Minville.
Notre analyse de sa pensée entre 1937 et 1960 cherche à savoir comment s’y harmonisent la philosophie chrétienne, le progrès matériel et le système démocratique; comment se conjuguent tradition et modernité. Sa conception dynamique de l’organisation sociale doit répondre aux défis du monde moderne et au devoir de fidélité. La notion de nation confessionnelle en synthétise les composantes, dont le jeu organique assure la cohérence. Catholicisme, identité culturelle, éducation, économie et vie collective en sont les piliers. Dans une perspective totalisante inspirée de la Doctrine sociale de l’Église, la nation confessionnelle se place au service de la personne pour l’aider à réaliser ses finalités spirituelles, morales, intellectuelles et matérielles.
Le radicalisme de ce programme s’appuie sur un réaménagement social par le recours au corporatisme et au coopératisme: créer un État démocratique, personnaliste et national, alliant liberté, responsabilité et justice, sans égalitarisme niveleur. Le nationalisme économique vise à fournir aux Canadiens français les bases matérielles de leur affranchissement et de leur épanouissement. À partir des années soixante toutefois, le projet de nation confessionnelle s’effrite progressivement, non pas chez Angers, mais dans la société québécoise par suite de la sécularisation, de l’abandon de la conception culturelle de la nation et de la croissance du rôle de l’État. La modernité séculière et matérialiste a vaincu la modernisation confessionnelle.