Entre raison et passion : les discours sur les jeux de hasard au Québec/Bas-Canada (1764-1810), société et culture
Le jeu de hasard prend une ampleur inégalée au XVIIIe siècle. Aussi, le discours le concernant se modifie-t-il. Diverses voix s’élèvent alors, des théologiens aux philosophes en passant par les littéraires pour en faire la critique ou l’apologie. Ce qui n’était que cas individuels laissés à la conscience de chacun devient un problème collectif, du moins dans les discours. Utilisé afin de véhiculer des critiques à peine dissimulées du pouvoir ou des élites, le jeu quitte ainsi la sphère purement ludique. Nous nous interrogeons dans les pages suivantes sur les jeux de hasard comme révélateurs de débats de société plus larges. Quels liens permettent-ils de faire entre la société, l’État et l’Église? Afin d’y répondre nous traiterons en premier du discours européen sur le jeu avec objectif de le placer en contrepoint des idées se trouvant exprimées dans nos sources. Ensuite, deux chapitres traiteront respectivement des discours répressifs sur les jeux de hasard puis des discours favorables et des diverses implications culturelles du loisir. Nous tenterons donc de démontrer que les discours sur le jeu ne relèvent pas que du ludique, ils sont aussi le reflet des débats politiques et culturels au sein de la société civile, car ils sont un des canaux permettant de saisir l’articulation de deux grandes tendances qui sont la religion et le politique.