D’une assise locale à un réseau régional : élites et institutions dans la région de Lanaudière (1825-1865)

Résumé

L’étude des institutions locales du Québec préindustriel suscite un vif intérêt chez les chercheurs depuis quelques années. La présente recherche tente de mieux déterminer l’impact de ces institutions en milieu rural en mettant l’accent sur les acteurs sociaux. La démarche vise ultimement à cerner les mécanismes de construction identitaire d’une élite institutionnelle locale et régionale. Le terrain d’enquête de cette recherche est le comté de L’Assomption de 1825 à 1865.

Dans un premier temps, nous examinons la genèse et l’évolution des principales institutions locales présentes dans la région étudiée. Nous portons une attention particulière aux rôles des détenteurs de ces différentes charges publiques, à leur pouvoir respectif et aux critères officiels de recrutement. Nous examinons d’abord les institutions anciennes telles la fabrique, la milice, la voirie et la justice de paix. Puis, nous étudions les nouvelles institutions créées durant cette période, plus particulièrement les corporations municipales et scolaires.

Dans un deuxième temps, l’étude du recrutement du personnel institutionnel est conduite suivant une hiérarchisation des pouvoirs liés aux différentes charges. Cette analyse des structures de pouvoir produit des profils sociaux tout autant différenciés. Le profilage social lié au recrutement institutionnel tient compte des statuts socioprofessionnels, des niveaux de richesse, des niveaux d’éducation et des réseaux sociaux du personnel en place. Cette évaluation du recrutement est faite dans une perspective à la fois synchronique et diachronique. D’une part, l’exercice synchronique permet de hiérarchiser les profils socio-économiques des acteurs institutionnels de manière à isoler des cercles élitaires. Les mécanismes de construction des identités des élites locales et régionales apparaissent ainsi intimement liés à l’appareil de pouvoir institutionnel public. D’autre part, l’évaluation dans la diachronie offre une vitrine sur le recrutement avant et après les événements de 1837-1838, en plus de fournir des informations importantes sur les cursus institutionnels des acteurs sociaux. Cet angle d’analyse aide au repérage des cumuls de postes typiques des réseaux élitaires.

Dans un troisième temps, l’évolution des mécanismes de reproduction sociale liés à l’exercice du pouvoir local est jaugée à travers la restructuration institutionnelle qui démarre principalement sous le régime de l’Union. L’impact de la crise politique des Rébellions de 1837-1838 sur les processus de construction des identités élitaires fait l’objet d’une étude plus poussée. Puis, les caractéristiques socioculturelles des groupes élitaires sont mises au jour à travers les frictions relatives à l’implantation des régimes des corporations municipales et scolaires.

En définitive, la démarche instruit à la fois sur la dynamique socioinstitutionnelle propre aux milieux ruraux québécois au milieu du XIXe siècle et sur la construction identitaire de ses élites locales. C’est ainsi une facette nouvelle de la reproduction sociale des milieux ruraux québécois qui est ici révélée, par le biais des figures de pouvoir.

Année de publication
2008
Type
Thèse de doctorat
Université
Université du Québec à Montréal
Nombre de pages
294
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