De cuisinière à gastronome ou comment les représentations du fait alimentaire ont évolué au sein de l’émission Femme d’aujourd’hui de 1965 à 1982
Ce mémoire cherche à cerner le rôle qu’a pu jouer l’émission quotidienne Femme d’aujourd’hui, diffusée à la télévision de la Société Radio-Canada, de 1965 à 1982, dans la transmission de modèles au sein de la société de consommation québécoise, qui prend racine dans la seconde moitié du XXe siècle. En quoi les représentations de la gastronomie à l’étude ont-elles été le reflet des métamorphoses des pratiques alimentaires? Quelle fut la contribution de la télévision aux changements des pratiques alimentaires? En définitive, à travers l’étude du contenu de l’émission, nous cherchons à savoir quel a été l’apport de la télévision dans la construction d’une identité gastronomique québécoise. Notre hypothèse est que la télévision aurait servi de puissant catalyseur à une démocratisation de la gastronomie.
Pour la vérifier, nos observations s’appuient sur une méthodologie qualitative fréquemment utilisée en sciences sociales, soit l’analyse de contenu, laquelle nous a permis de minimiser un bon nombre de biais potentiels (cognitifs, culturels, idéologiques). Notre analyse, qui s’articule autour de quatre périodes historiques, s’attache à décrire les représentations et à interpréter les éléments et symboles inclus dans le discours des différents participants des émissions. À ces égards, notre contribution nous paraît originale tant sur le plan de l’objet que sur les résultats de recherche.
Il en ressort que les représentations observées laissent croire qu’une mutation importante de l’identité culinaire québécoise s’est opérée durant la période étudiée. Alors que cette identité était, dans les années 1960, étrangère à la notion de gastronomie, celle des années 1980 s’y colle davantage. Et selon nous, la diffusion de nouvelles identités est venue renforcer le sentiment d’appartenance à une identité culinaire québécoise. Réelle éponge de la vie sociale et politique, il nous semble clair que l’identité culinaire québécoise s’est transformée au gré des changements sociaux, et, par un effet de miroir, en a témoigné.
