Criminal Women and Bad Girls: Regulation and Punishment in Montreal, 1890-1930
L’attitude de la société envers les contrevenants a changé considérablement au cours du 19e siècle. Puis, dès le fin du 19e siècle, le système de traitement des contrevenants à Montréal était très institutionnalisé et établi sur des traitements déterminés selon l’âge et le sexe, dans lesquels étaient engagés l’Église catholique, les autorités municipales et judiciaires, ainsi que les organismes d’orientation protestants. Une étude thématique de la relation entre les contrevenantes, les organismes concernés et le système de justice pénale à l’apogée du capitalisme industriel démontre que plus l’économie prend de l’ampleur et que la ville augmente en importance, plus les occasions pour les femmes de contrevenir à la loi augmentent. Les crimes perpétrés par les femmes sont en grande partie reliés au milieu socio-économique de femmes dans la société canadienne. Ce sont souvent des crimes reliés à la pauvreté ou à la survie. L’étude approfondie de la criminalité féminine a entraîné l’élaboration d’un système de traitement plus organisé et institutionnalisé, et la définition de ce qu’on considérait comme un comportement féminin déviant a été élargie. La croissance de l’État au cours de la dernière partie du 19e siècle quant aux structures juridiques et pénales a mené à l’augmentation des mesures coercitives dans la population. Pour les femmes, cela s’est traduit par l’utilisation des lois et des institutions pour sanctionner leurs comportements sociaux et sexuels inadéquats, conduisant à la criminalité et à la « méchanceté » féminine.
La société montréalaise a créé cinq nouvelles structures d’autorité visant à récupérer les contrevenantes. Il s’agit de la prison des femmes de la rue Fullum (1870), de l’École de réforme (1870), de la Girls’ Cottage Industrial School (1911), de la Cour des jeunes délinquants (1912), et d’une force policière féminine (1918). Le fonctionnement de ces institutions était dirigé vers le raffermissement des stéréotypes sexuels et du pouvoir patriarcal. La vie des femmes qui ont été confrontées au système de justice pénale est marquée par la résistance, soit par leur capacité à « disparaître » dans la ville en cas de nécessité, soit par l’organisation de rébellions dans les institutions.