Ce passé qui nous hante : analyse du récit de fiction cinématographique québécois des années 1960 à aujourd’hui

Résumé

Le Québec d’après la Révolution tranquille entretient un rapport trouble avec son passé. Comme on l’a souvent souligné au cours des dernières années, la filiation canadienne-française relève d’une mémoire malheureuse, voire honteuse. La question se pose donc aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité : que faire de ce passé qui fait sans cesse retour dans le présent au gré des événements et des crises? Comment ce passé peut-il encore nous dire quelque chose sur nous-mêmes? Et comment l’identité québécoise pourrait-elle se concevoir sans référence à son passé canadien-français, autrement dit sans le travail de la mémoire? En prenant pour objet le cinéma québécois de fiction des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, cette thèse a pour objectif d’interroger le rapport du Québec moderne à son passé. Quel regard le cinéma québécois des cinquante dernières années jette-t-il sur ce passé?

Le cinéma de fiction sera ici conçu non seulement comme une sorte de miroir de la société québécoise, mais comme l’un des vecteurs de sa conscience historique. La première partie, intitulée Cinéma et Mémoire, s’attache à définir le rapport entre cinéma et mémoire et à préciser en quoi les films de fiction peuvent être considérés comme une source d’interrogation sur l’identité d’une collectivité. La deuxième partie, qui a pour titre Genèse du cinéma québécois, montre comment s’est construit, dès les années trente, le dialogue entre le Québec et son cinéma. Le cinéma québécois qui apparaît dans les années 1960 a certes sa propre histoire, mais il n’en existe pas moins une continuité entre lui et le cinéma canadien-français des décennies précédentes, en particulier avec le documentaire. La troisième et plus importante partie de la thèse, De Léopold Z à La neuvaine, propose une analyse du cinéma québécois en tant que récit mémoriel. Le corpus se compose de six films québécois de fiction qui s’échelonnent sur une période d’une cinquantaine d’années. Ces six films , qui peuvent être considérés comme des « incontournables » de la filmographie québécoise, sont regroupés par deux, chaque groupe correspondant à un état de la conscience collective : 1) la révolution tranquille (1960-1970) est illustrée par deux films qui portent à réfléchir sur le passage du Canada français au Québec moderne, La vie heureuse de Léopold Z de Gilles Carle et Mon oncle Antoine de Claude Jutra; 2) le désenchantement identitaire (1980-1990) est exposé, d’une manière particulièrement douloureuse et pessimiste, par Les bons débarras de Francis Mankiewicz et Léolo de Jean-Claude Lauzon; 3) la crise de la mémoire collective (1990-2000) est mise en relief par Jésus de Montréal de Denys Arcand et La neuvaine de Bernard Émond, deux films qui interrogent la mémoire à la lumière du passé religieux canadien-français. La conclusion récapitule les grandes étapes de notre parcours et revient sur les enjeux que soulève notre questionnement sur la mémoire.

Année de publication
2014
Type
Thèse de doctorat
Université
Université du Québec à Trois-Rivières
Nombre de pages
323
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