L’épée et la plume : Amérindiens et soldats des troupes de la Marine en Louisiane et au Pays d’en Haut (1683-1763)
Le 9 avril 1682, Cavelier de La Salle prend possession au nom du roi de France d’un immense territoire : la Louisiane. Coincée entre Appalaches et Rocheuses, celle-ci s’étend du pays des Illinois au Golfe du Mexique et vient se joindre au Pays d’en Haut, soit le bassin des Grands Lacs que les coureurs de bois français parcourent depuis une vingtaine d’années. Ensemble, Pays d’en Haut et Louisiane constituent au XVIIIe siècle une immense contrée « sauvage », un autre « continent », situé en marge de la « civilisation » représentée par les centres coloniaux que sont Québec, Montréal et la Nouvelle-Orléans.
Depuis leur arrivée au Canada en 1683 à 1763, date à laquelle la France abandonne ses possessions d’Amérique du Nord, des militaires appartenant aux troupes de la Marine sont envoyés pour occuper une multitude de forts érigés le long des différentes voies de communication. Si cet « empire » s’étend théoriquement sur plusieurs millions de kilomètres carrés, la réalité est toute autre puisque les Français n’occupent qu’une infime partie des territoires revendiqués. Les véritables habitants de ces régions sont les Amérindiens, qui ne font que tolérer les sujets du roi de France. Pendant quatre-vingts ans, soldats français et autochtones sont en contact permanent. Ils vivent à proximité les uns des autres et entretiennent des rapports quotidiens. Il faut se demander si ces relations entre deux communautés aux cultures différentes vont donner lieu à des échanges et être l’occasion de métissages ou non.
Notre sujet relève donc de l’histoire des Amérindiens et de l’histoire coloniale française mais il s’agit avant tout d’étudier les différentes interactions entre soldats français et autochtones.