Une heure avec l’abbé Groulx à propos des Patriotes de ’37
Ces pages sur « 37 » ont paru dans l'Action nationale (livraison
de juin 1936).
Extrait
Un pays supporte avec patience un gouvernement détestable, s'il est de chez lui; il n'accepte point de le tolérer s'il lui vient de l'étranger. Nulle parité d'ailleurs entre un pays comme l'Angleterre d'alors, pays de suffrage extrêmement restreint, propre par conséquent au gouvernement oligarchique, et les provinces de l'Amérique, pays de suffrage presque universel, travaillées, en outre, depuis longtemps, par les idées démocratiques américaines et françaises. Mais alors vous entrevoyez la conclusion: si pareil régime constituait un état de violence pour le Haut-Canada et la Nouvelle-Ecosse, où le conflit politique ne mettait aux prises que des Britanniques, que penser du même conflit dans le Bas-Canada français, où une maladroite composition du personnel gouvernemental jetait, entre les mains d'une poignée de fonctionnaires anglais et métropolitains, la réalité du pouvoir politique? En tous pays du monde un conflit politique engagé en ces conditions eût abouti au conflit national. Affirmer par conséquent que 1837 n'eut rien, dans le Bas-Canada, d'un mouvement national, est d'un esprit bien léger et bien superficiel.
Note
Dans Notre maître, le passé. (2ième série), p. 69-88.