Rôle d’une société nationale en l’an 1958
Texte d’une conférence prononcée au banquet de clôture du congrès annuel de la Société Saint-Jean-Baptiste du diocèse de Valleyfield, à Saint-Timothée le 19 octobre 1958.
Extrait
Un problème politique, je ne vous l’apprends point, nous tient particulièrement à la gorge. Canadiens français nous sommes plus que personne, presque seuls responsables de l’établissement au Canada, du système fédératif. Ce système, nous l’avons voulu et nous l’avons imposé parce qu’à nul autre qu’à nous-mêmes, il ne nous plaisait de confier la garde de nos intérêts vitaux, la promotion de notre bien commun de collectivité canadienne-française et catholique. À tout prendre, acte d'élémentaire prudence et d’élémentaire dignité. Principe constitutionnel que nous ne pouvons pas ne pas tenir pour intangible, à moins de nous résigner à l’indigne condition d’un peuple en tutelle. La fonction politique — on sait l’axiome — n’est rien sans les moyens de l’exercer. Donc rien ne saurait prévaloir contre la souveraineté du Québec, opérant dans la sphère de sa constitution. Nulle entrave de la part d’Ottawa, que ce soit accaparement de subsides ou autres moyens détournés, nulle forme de fédéralisme qui, de façon directe ou indirecte, ouverte ou masquée, aboutirait à contrarier ou à limiter la souveraineté de notre province dans la promotion du bien commun de ses ressortissants, nul de ces travestissements politiques ne nous peut être acceptable. Le bien commun des provinces, je le répète, n’a pas été laissé à la discrétion du gouvernement central.