Discours prononcé par l'abbé Lionel Groulx, après une conférence de M. Victor Barbeau, lors d'une grande manifestation coopérative à la salle du Gesù, et reproduit dans la revue mensuelle L'Action Nationale.

Extrait

Je sais des hommes qui avaient rêvé, pour leur pays, l'indépendance totale; pour leur province, l'autonomie totale; pour leur nationalité, un noble avenir. Ils avaient espéré que les Canadiens français, répondant, comme tous les peuples, au simple instinct vital, prendraient, un de ces jours, une vue nette, imperative, de leurs problèmes essentiels; que ces problèmes ils les poseraient, dans le milieu redoutable où ils vivent, face à un destin qui ne peut être petit que faute d'esprit. Puisque l'on n'est pas pour rien les fils d'une nation et d'une culture qui se vantent d'avoir toujours su garder raison; les fils d'une foi qui est la lumière même de l'ordre, l'espoir n'était pas chimérique, avaient-ils cru, de faire de ce pays français du Canada le pays où l'ordre fleurirait, où l'économique, le social seraient sains, où saine serait la politique, où la personnalité humaine se déploierait dans sa liberté et sa puissance intégrales, où, en un mot, triompherait l'humanisme des meilleures civilisations.