Causerie donnée par Monsieur l’Abbé Lionel Groulx, professeur d’histoire du Canada à l’Université de Montréal, sous les auspices du Jeune Barreau de Québec.

Extrait

Il y a 175 ans une question s'est posée pour le petit peuple que nous sommes. Question suprême ! Selon la conscience que nous en prenons, elle marque les hauts et les bas de notre vie. [...] Cette question, vous l'avez deviné, c'est la question nationale.

La conquête la posait par la force même des choses. Elle mettait en présence deux peuples, deux croyances, deux cultures, aux divergences assez profondes, deux physiques, si j'ose dire, de fort inégale puissance. Laquelle l'emporterait? Etre ou ne pas être, telle fut, dès lors, en sa brièveté tragique, la formule de notre vie. Détachés violemment de notre foyer de gravitation originel, qu'allions-nous devenir sous le ciel britannique? Quelque chose comme une entité stellaire autonome qui garderait la liberté de son évolution ou de sa trajectoire? Ou le débris erratique précipité par l'irrésistible attraction vers le foyer nouveau, pour y être enchaîné et s'y fondre?

Note : dans Orientations, p. 240-274.