A sa mort en juillet 2000, l’historienne Louise Dechêne laisse inachevé un ouvrage sur la vie militaire en Nouvelle-France. C’est à ses proches et à ses étudiants qu’il revient de l’éditer en 2008 sous le titre Le Peuple, l’État et la Guerre au Canada sous le régime français. Cette publication est le fruit d’un travail conjoint de la part de son amie Hélène Paré et des historiens Thomas Wien, Sylvie Dépatie et Catherine Desbarats. Ceux-ci durent reprendre le travail de Louise Dechêne afin de rédiger le dernier chapitre et la conclusion.

Après Habitants et marchands de Montréal au XVII^e siècle et Le partage des subsistances au Canada sous le régime français, Louise Dechêne s’intéresse, dans ce dernier ouvrage, à l’impact de la guerre sur l’État et sur les Canadiens en Nouvelle-France. Elle analyse le rapport de la population à la chose militaire, à travers la milice. Après un premier chapitre traitant des représentations du Canadien comme homme de guerre à travers le temps, Louise Dechêne évoque la mise en place des institutions militaires au cours des différents conflits. Elle consacre ensuite cinq chapitres à l’ultime « guerre de seize ans ».

Son ouvrage soulève de nombreuses questions et va à l’encontre de l’historiographie traditionnelle. Louise Dechêne ne pense pas qu’il y ait opposition entre miliciens canadiens et soldats français. Elle ne trouve que très peu d’exemples d’insubordination et remarque la fidélité des Canadiens envers le roi de France. Elle se refuse donc à croire à l’existence d’une nation canadienne distincte avant la conquête. C’est, pour elle, une construction a posteriori de l’historiographie.

Louise Dechêne obtient en 2009 le prix Lionel-Groulx à titre posthume pour cet ouvrage incontournable.

Références

Claude Bariteau, AS, vol. 32, n° 3, 2008, p. 265-267. ; Serge Bernier, BHP, vol.18, n° 1 ; Christian Blais et Jocelyn Saint-Pierre, BHP, vol. 18, n° 1 ; John A. Dickinson, RS, vol. 50, n° 2, 2009, p. 427-429. ; Benoît Dubreuil, AN, vol. 94, n° 2, février 2009 ; ihaf.qc.ca, 2009.