Le français au Canada
Dieu! Patrie! Liberté! Ces trois mots, qui servaient de drapeau, il y a maintenant un demi-siècle, aux revendications religieuses de Jules Simon, pourraient s'inscrire comme épigraphe en tête du livre où M. l'abbé Lionel Groulx vient de réunir ses éloquentes leçons sur Le français au Canada. Tragique et glorieuse histoire, que celle de cette langue qui soudainement, après 1760, se trouve, dans ce lointain outre-mer, isolée, dépaysée, submergée, et qui pourtant survit, parce quelle est auprès de Dieu l'interprète coutumière des âmes, parce que ses résonances mêmes répercutent la voix des aïeux, perpétuent dans la vie sociale l'empreinte de la patrie perdue, mais non oubliée, et parce qu'enfin les droits qu'elle revendique et qu'elle finit par obtenir sont, pour tous ceux qui la parlent, le plus précieux symbole de liberté.