La déchéance incessante de notre classe moyenne
Conférence prononcée au Cercle universitaire de Montréal, le samedi 5 décembre 1931, par M. l’abbé Lionel Groulx, sous le titre « Quelques autres causes de nos insuffisances ».
Aujourd'hui je me place devant cet autre fait social, l'un des plus troublants pour l'historien et le sociologue : la déchéance incessante de notre classe moyenne; je veux dire le désolant acheminement, depuis 75 à 80 ans, des petits propriétaires agricoles vers le prolétariat. La dégringolade - le mot n'est pas trop fort - s'est précipitée à une telle allure qu'en moins d'un demi-siècle, un peuple en majorité paysan est devenu un peuple en majorité ouvrier. La classe moyenne, où s'appuie d'ordinaire l'élan vers les classes supérieures, ne cesse d'accroître l'effectif des classes inférieures.