Confiance et espoir
Conférence prononcée le 13 novembre 1944 à Sudbury, Ontario.
Je traversais l'autre jour votre pays. Une image entre autres est venue m'étreindre : d'ici à Fort- William dans l'espace désertique que fait à la région le prolongement du bouclier laurentien, ces groupes de maisonnettes, maisonnettes de cantonniers, semées le long de la voie ferrée, à vingt-cinq, trente milles les unes des autres. Quelle impression de solitude! Maisons souvent pleines d'enfants qui paraissent sur le perron, saluent de la main le train qui passe, seul événement de la journée, image fugitive de la civilisation. Malgré moi, je pensais à vous, à toutes nos minorités dispersées comme les cantonniers épars, dans la grande solitude canadienne. À certains jours, me disais-je, comme le Québec leur doit paraître loin! Et je croyais vous entendre me poser des questions comme celles-ci : « Que devient le vieux pays québécois? Lui arrive-t-il de penser à nous? S'intéresse-t-il au sort des fils dispersés? »