Figures marquantes de la solidarité : Lucille Teasdale (1929-1996)

4 avr 2023
Lucille Teasdale en 1955. Photo : Fondation Teasdale-Corti.
Lucille Teasdale en 1955. Photo : Fondation Teasdale-Corti.

Née dans l’est de Montréal, Lucille Teasdale sait dès l’âge de 12 ans qu’elle veut devenir médecin et pratiquer en pays de mission. En 1958, elle devient l’une des premières Québécoises à faire de la chirurgie. Elle s’installe quelques années plus tard avec son mari, le Dr Piero Corti, en Ouganda, où ouvre un hôpital catholique qui deviendra bientôt l’un des meilleurs d’Afrique équatoriale, traitant environ 250 000 patients par année dans les années 1990. L’établissement deviendra rapidement un centre de formation pour les jeunes médecins africains. La Dre Teasdale-Corti y pratiquera plus de 13 000 interventions chirurgicales, dans des contextes particulièrement difficiles : dictature, guerre civile, et finalement épidémie de sida, maladie qu’elle contracte au fil des opérations. À partir des années 1980, son travail et celui de son mari sont reconnus par les gouvernements italien et canadien, ainsi que par des organismes internationaux. Lucille Teasdale demeure une figure inspirante pour le monde médical et la société québécoise.

Invitée : Joanne Liu, pédiatre, ex-présidente internationale de Médecins sans frontières.
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

À propos de Joanne Liu

Urgentiste pédiatre, la Dre Joanne Liu a œuvré avec Médecins sans frontières (MSF) au cœur des grandes crises humanitaires de 1996 à 2013, prenant part à plus de 20 missions sur le terrain. De 1999 à 2002, elle a été gestionnaire de projets au bureau de MSF à Paris. Elle est devenue la première présidente internationale femme élue de MSF, réalisant deux mandats à ce titre, de 2013 à 2019. À la tête de MSF International, elle a été une voix de premier plan au sujet des crises médicales humanitaires, notamment celles touchant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (2014-2016), les attaques contre les hôpitaux et la crise migratoire et de déplacement forcé. Elle a également plaidé pour ces différentes causes sur diverses plateformes internationales. Aujourd’hui, elle pratique au CHU Sainte-Justine en tant que pédiatre urgentiste et elle est professeure à l’École des populations et de la santé mondiale de l’Université McGill.

À propos de Danny Lake-Giguère

Danny Lake-Giguère est historien du Moyen Âge et chargé de cours à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur l’administration des forêts en Normandie à la fin du Moyen Âge ainsi que sur les relations entre les sociétés anciennes et leur environnement naturel. Il prépare en ce moment la publication chez Classiques Garnier de sa thèse de doctorat intitulée Administrer les forêts royales en Normandie au Moyen Âge (1204-1328). Il poursuit également depuis 2022 des recherches sur l’histoire de la médecine à l’Université de Montréal, en collaboration avec Denis Goulet.

Lucille Teasdale, pionnière du travail humanitaire

Un texte de Danny Lake-Giguère, historien

Un humble hôpital de brousse, façonné en l’un des principaux pôles de soin d’Ouganda. Plus de 13 000 opérations, dont des milliers alors que les combats faisaient rage autour d’elle. Une génération entière de médecins et d’infirmières, formés et inspirés par elle et son mari. Ce ne sont que quelques-uns des legs de Lucille Teasdale. « Il y a des gens dont le dévouement, l’amour des autres et le courage sont tout simplement hors du commun », disait d’elle Jean-François Lépine en la présentant au public québécois, le 31 mars 1994 à l’émission Le Point. Véritable pionnière du travail humanitaire au Québec, cette chirurgienne, l’une des seules de sa génération, voua la plus grande partie de sa vie à la pratique de la médecine en Ouganda, dans des conditions difficiles, coupée du reste du monde et au milieu des sanglants conflits qui secouèrent ce pays d’Afrique de l’Est à partir des années 70.