Figures marquantes de la solidarité : Jehane Benoît (1904-1987)

1 nov 2022
Jehane Benoît à l'émission Bonjour madame, le 15 octobre 1958. Photo : Radio-Canada / André Le Coz
Jehane Benoît à l’émission Bonjour madame, le 15 octobre 1958. Photo : Radio-Canada / André Le Coz.

Apôtre de notre cuisine nationale, Jehane Benoît nous a offert une véritable bible de l’art culinaire québécois : l’Encyclopédie de la cuisine canadienne (1963). À la radio, puis à la télévision de Radio-Canada (Bonjour madame, Au jour le jour, Femme d’aujourd’hui), cette avant-gardiste s’offre une place de choix au cœur des foyers québécois, notamment en adaptant les recettes du terroir aux technologies culinaires qui apparaissent au cours des années 1960 et 1970. Diplômée de la Sorbonne en chimie alimentaire, Jehane Benoît est à l’origine du Fumet de la Vieille France, une école de cuisine laïque, et a contribué à faire connaître notre savoir-faire culinaire bien au-delà des frontières du Québec. Cette grande dame est sans aucun doute une figure marquante de notre histoire à qui l’on doit la mise en valeur et la transmission intergénérationnelle de notre patrimoine culinaire.

Date : Le mardi 1er novembre 2022 à 19 h
Invitée : Chrystine Brouillet, romancière
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

À propos de Chrystine Brouillet

Chrystine Brouillet est née à Québec et a remporté le prix Robert-Cliche en 1982 avec son premier roman noir Chère voisine. Elle a ensuite créé la détective Maud Graham, qui mène ses enquêtes policières dans la capitale. Vingt titres mettent ce personnage fétiche au premier plan. Chrystine Brouillet a également signé la trilogie historique Marie LaFlamme, des romans pour la jeunesse et divers ouvrages où la gastronomie joue souvent un rôle tel Chambre 1002 (2018), Couleur champagne (2006) et des guides de Paris où elle a vécu durant treize ans. Ses romans Chère voisine (1982) et Le Collectionneur (1995) ont été portés à l’écran. Elle habite maintenant à Montréal et collabore à l’émission Salut Bonjour en tant que chroniqueuse littéraire.

Jehane Benoît. La grande dame de la cuisine

Va me chercher le Jehane Benoît, me dit ma mère un jour de juillet 1966. Tu es assez grande pour cuisiner avec moi maintenant.

Le moment tant attendu était enfin arrivé : si on me jugeait digne de porter le livre le plus lourd de la maison, c’est que je n’étais plus une gamine. J’avais huit ans, je savais lire le nom de l’auteure et j’avais vu ma mère ouvrir ce bouquin des dizaines de fois. Je l’avais aussi repéré chez nos voisines et chez mes tantes. Toutes possédaient L’Encyclopédie de la cuisine canadienne. C’était la bible que les femmes de cette époque avaient tant attendue : plus de mille pages de recettes destinées à leur simplifier la vie en leur apprenant les règles qui permettraient d’offrir à leur famille une cuisine aussi saine que savoureuse. Car Jehane Benoît savait qu’il était important de bien comprendre les principes fondamentaux de la cuisson, de la conservation, afin de les appliquer en en multipliant les variantes : Mme Benoît encourageait ses lectrices à faire preuve d’imagination, à ajouter « leur grain de sel » dès que la maîtrise des règles de base était intégrée. Intuition et connaissances signifiaient plus de liberté et, sans renier les traditions et les recettes classiques qui avaient fait leurs preuves, une certaine curiosité envers les cuisines de l’étranger apportait une touche d’exotisme bienvenue. Jehane Benoît suggérait aussi bien un veau printanier qu’un bœuf Wellington ou encore l’inévitable ragoût de boulettes, une fricassée d’agneau ou du poulet frit (pour 10 ou 15 personnes!), ainsi que des desserts de toutes sortes, du shortcake aux fruits au Paris-Brest en passant par la tarte chiffon à la noix de coco et le kouglof. La clarté de ses explications garantissait la réussite d’un plat et… des ventes phénoménales : L’Encyclopédie de la cuisine canadienne, c’est plus de deux millions d’exemplaires vendus en français et en anglais!