Figures marquantes de la liberté : Marie-Anne Gaboury

1 fév 2022

Née à Maskinongé en 1780, Marie-Anne Gaboury est la première femme d’origine européenne à fouler les vastes étendues des plaines de l’Ouest. Aux côtés de son époux, Jean-Baptiste Lagimodière, elle découvre la vie tumultueuse des voyageurs de la traite des fourrures. Du Manitoba aux Rocheuses, elle assiste à l’âge d’or et au déclin des modes de vie traditionnels autochtones et métis. La vie dans l’Ouest  à l’époque de Marie-Anne en est une de grands bouleversements, de l’acquisition de la Terre de Rupert par le gouvernement du Canada à la disparition du bison. En 1870, Marie-Anne voit son petit-fils Louis Riel se dresser face au colonialisme sauvage des autorités canadiennes, de la compagnie de chemin de fer, des arpenteurs et des colons en mal de terres à cultiver. Après des décennies d’aventure, elle s’éteint en 1875, à Saint-Boniface au Manitoba, elle avait 95 ans.

Invité : Alexandre Belliard, auteur-compositeur, conteur et conférencier
Animateur : Éric Bédard, historien
Date : 1er février 2022 - 19 h
Lieu : En raison des mesures sanitaires en vigueur, lévénement est présenté en webdiffusion sur Facebook et sur la coop WEBTV.

À propos d’Alexandre Belliard

Alexandre Belliard est un conteur, auteur-compositeur et conférencier, qui se consacre depuis une dizaine d’années à découvrir et faire découvrir l’histoire et la culture de l’Amérique francophone. Il a notamment fait paraître sept livres et plus de quatre-vingts chansons de ses « Légendes d’un peuple ». Cette fresque historico-chansonnière raconte la vie d’hommes et de femmes qui ont fondé et consolidé la présence francophone en Amérique. Alexandre fait voyager notre histoire à travers le monde : il a offert des centaines de conférences et de concerts dans 23 pays et territoires, du Yukon au Chili et jusqu’en Inde. Il a récemment ajouté une corde de plus à sa guitare, en coécrivant la nouvelle collection dédiée à l’enseignement de l’histoire au Québec, Épopée (Éditions CEC).

Texte de l’invité

La traite des fourrures au Canada fut longtemps le moteur économique tant à l’époque de la Nouvelle-France qu’après la Conquête britannique, où le commerce du bois prendra éventuellement le dessus. À partir de 1600 avec la fondation du premier poste de traite à Tadoussac par Pierre Chauvin; avec celui de Port-Royal en 1605 et Québec en 1608 tous deux fondés par Champlain; puis Trois-Rivières en 1634 fondé par Laviolette; et enfin Montréal qui en deviendra rapidement le pôle, après sa fondation en 1642 par Mance et Maisonneuve; la traite des fourrures est une véritable manne que les marchands, bourgeois et nobles cherchent à s’approprier à tout prix. Car il y a des fortunes colossales à faire avec le castor qui se transforme littéralement en or à l’époque.

Si Étienne Brûlé, débarqué à Québec avec Champlain lors de sa fondation, a la réputation d’être le premier des coureurs des bois, deux des plus importants pionniers de cette traite, Pierre-Esprit Radisson et son beau-frère Médard Chouart-Desgroseillers, sont quant à eux passés à l’histoire pour avoir fondé la légendaire Compagnie de la Baie d’Hudson en 1670. La HBC est aujourd’hui la plus vieille compagnie toujours active en Amérique du Nord. D’autres compagnies flairant la bonne affaire tenteront de s’imposer sur le territoire actuel du Canada et au sud de sa frontière. Il s’agit de la North West Company et de la XY Company qui fusionnèrent dès 1804. La HBC et la NWC fusionnèrent également à partir de 1821, mais ce ne sera pas sans s’être d’abord livré une guerre sans merci. Marie-Anne Gaboury et Jean Baptiste Lagimodière, dont il sera question pour la suite de notre récit, se retrouveront au cœur de cette guerre du castor et du pemmican. S’ils assistent à l’âge d’or des fourrures d’une part, ils assisteront également à la quasi-disparition de la ressource et du mode de vie traditionnel des autochtones et de la jeune nation métisse des vastes plaines de l’Ouest.