Utilisation de la violence et usages du passé comme références patrimoniales : L’émeute de la Crise de la conscription à Québec, 1918-2012
L’émeute de la Crise de la conscription à Québec en 1918 a bouleversé le quotidien des communautés et des citoyens de la ville pendant plus d’une semaine. D’une perspective sociale, cet événement a permis tant aux Canadiens français et aux Canadiens anglais de réaliser la fracture identitaire qui les séparait quant à leur représentation morale d’obligation citoyenne en temps de guerre. Le traumatisme engendré par cet événement violent a toutefois laissé des traces d’un conflit interne à la société canadienne-française représenté par une représentation très faible dans l’historiographie canadienne sur plus d’une cinquantaine d’années. Depuis, le refoulement des émotions du passé, exprimés sous forment d’usages publics de toutes sortes, suggère un certain désir à renouer avec ce bagage d’expérience. Le présent travail analyse l’évolution de la mémoire de cet événement marquant de l’histoire de la ville de Québec. L’interprétation des médias de l’époque, ainsi que celles d’un échantillon de certaines communautés actuelles de la ville de Québec, sont les piliers de l’argumentaire exprimé. Il démontre à quel point l’aspect de la violence s’établit tel que le fondement inhérent de la mémoire collective construite près de cent ans plus tard. Également, le phénomène grandissant de la patrimonialisation amène certaines de ces collectivités à façonner une identité historique de l’Émeute à leur image, réduisant ainsi la généralité des violences du passé en un seul lieu de mémoire.