Conditions d’existence, culture matérielle et transition au capitalisme : les inventaires après décès du district de Trois-Rivières, 1800-1900
Située au confluent de l’histoire sociale, de l’histoire du droit et de l’histoire culturelle, notre recherche a pour objet général la culture matérielle et les conditions d’existence dans une région donnée et à une époque donnée, soit le district judiciaire de Trois-Rivières entre 1800 et 1900. Des changements importants surviennent tout au long du XIXe siècle. Certains, qui s’amorcent dès les dernières décennies du XVIIIe siècle concernent le quotidien de la majorité; d’autres, plus englobants, ont trait aux transformations des structures démographique et économique. Dans un XIXe siècle en pleine mutation, la population bas-canadienne se transforme à un rythme inégal dans le temps et dans l’espace. Et ces pressions répétées de cette transformation sur les structures sociales et économiques contraignent les familles à s’adapter, au risque de se trouver contraintes de migrer ou de réinventer leur vie.
Notre problématique comporte deux volets. D’une part, dans quelle mesure la transition au capitalisme industriel a-t-elle transformé l’environnement matériel des populations de la région trifluvienne? D’autre part, en quoi cet essor du capitalisme industriel a-t-il influencé les pratiques de transmission du patrimoine liées aux stratégies de reproduction sociale?
Le premier chapitre présente un bilan de la production scientifique en fonction des deux sphères conceptuelles pertinentes : la culture matérielle et la reproduction sociale. Sans prétendre à l’exhaustivité, ce bilan retrace les interrogations qui ont guidé les chercheurs et soulève, çà et là, certaines lacunes de l’historiographie. Il est également question dans ce chapitre des sources sur lesquelles repose notre étude, les inventaires après décès, et les méthodes qui ont présidé à notre analyse.
Le deuxième chapitre traite des mutations de l’environnement matériel des populations et observe leurs habitudes de consommation en fonction des deux périodes à l’étude. Nous y examinons, d’une part, les transformations dans l’occupation de l’espace domestique chez les cultivateurs, et d’autre part, l’évolution des habitudes de consommation et d’utilisation du marché en lien avec l’émergence éventuelle de nouveaux modèles de consommation.
Le troisième et dernier chapitre dresse un portrait relativement exhaustif de l’environnement matériel d’un groupe social précis : les cultivateurs. Nous y examinons la terre et les moyens de production comme indicateur de la richesse, ainsi que l’ampleur et la nature de l’endettement paysan. Il y est également question des inégalités de classe qui existent durant une même période et des impacts de la transition au capitalisme résultant en une possible redéfinition de ces mêmes inégalités entre le début et la fin du siècle.